Accusé de viol par l'écrivain Edouard Louis, son agresseur présumé renvoyé en correctionnelle  - Justice

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Accusé de viol par l'écrivain Edouard Louis, son agresseur présumé renvoyé en correctionnelle

Six ans après des accusations de viol, le parquet de Paris réclame un procès pour l'agresseur présumé de l'écrivain Edouard Louis mais demande la requalification en "agression sexuelle" de la scène au coeur d'un récit littéraire.

 

E-llico.com / Actus

Accusé de viol par l'écrivain Edouard Louis, son agresseur présumé renvoyé en correctionnelle
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Mis en ligne le 15/10/2018

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Dans son livre "Histoire de la violence" paru en janvier 2016, l'étoile montante de la littérature avait fait le récit de cette agression dont il dit avoir été victime le jour de Noël en 2012.  

Le soir des faits, celui qui n'était pas encore l'auteur d'"En finir avec Eddy Bellegueule", le livre qui l'a rendu célèbre en 2014, avait alors déposé plainte pour viol et tentative de meurtre. 

Comme l'a révélé L'Obs, six ans plus tard, le parquet a requis début octobre un procès pour son agresseur présumé, Reda B., un Algérien de 33 ans mis en examen pour un viol avec arme qu'il a toujours contesté et un vol. 

Ses dénégations n'ont pas convaincu le parquet. "Les déclarations constantes de la victime, celles des témoins qui ont recueilli ses confidences ainsi que les constatations médicales permettent d'établir la réalité d'un rapport sexuel non consenti", écrit le ministère public dans son réquisitoire dont a eu connaissance l'AFP.

Mais pour des raisons d'"opportunité" et pour "une bonne administration de la justice", le parquet se prononce toutefois pour une requalification des faits en délit d'"agression sexuelle", une pratique courante dans ce genre d'affaires. Par ailleurs, alors qu'Edouard Louis affirmait que Reda avait exhibé la crosse d'une arme lors de son agression, le parquet a écarté cette circonstance aggravante.

Connu pour des vols, le suspect avait été arrêté en janvier 2016, peu après la sortie d'"Histoire de la violence", pour une autre affaire. Il avait passé près d'un an en prison. Les enquêteurs avaient fait un rapprochement avec un ADN recueilli trois ans plus tôt dans le studio d'Edouard Louis.

Si la juge suit ces réquisitions, le procès se déroulera devant le tribunal correctionnel et non devant une cour d'assises. Et en l'absence d'Edouard Louis, a fait savoir son avocat Emmanuel Pierrat.

Ce soir du 25 décembre 2012, Edouard Louis, alors âgé de 21 ans, avait raconté aux policiers sa rencontre avec Reda, dans la rue, en rentrant d'un repas de Noël. Les deux hommes ont eu des relations consenties, mais les choses auraient dégénéré quand Edouard Louis s'est aperçu que sa tablette et son téléphone avaient disparu. 

En colère, Reda aurait alors essayé de l'étrangler avec une écharpe, en lui disant qu'il avait un "gun", avant de le violer. Trois ans après, l'histoire privée devient publique. "Il n'y a pas une ligne de fiction", explique-t-il à Livres Hebdo à l'époque de la promotion de "Histoire de la violence".

Si une première expertise relève des blessures compatibles avec son récit, la contre-expertise demandée par la défense de Reda s'est montrée moins affirmative. Au cours de l'enquête, son avocate Me Marie Dosé avait tenté de montrer la fragilité de la version du romancier en produisant une conversation privée sur les réseaux sociaux dans laquelle un écrivain disant connaître Edouard Louis affirmait que le jeune romancier avait tout "inventé". Mais cet écrivain s'est ensuite rétracté. 

De son côté, Edouard Louis, engagé politiquement et très critique sur le système pénal, a refusé de se rendre à une confrontation avec le suspect, indiquant qu'il souhaitait que la procédure "s'arrête". 

Pour son avocat, le réquisitoire apparaît aujourd'hui comme un "compromis" satisfaisant. "Edouard Louis est dans une position complexe, sur une ligne de crête. S'il veut être reconnu comme victime, il est d'un autre côté contre la répression, et surtout l'incarcération. Aller devant une cour d'assises, cela aurait voulu dire entrer dans une ligne de répression contraire à ses opinions politiques", a déclaré Me Emmanuel Pierrat à l'AFP. 

"Mon client est innocent, il attend donc un non-lieu, sinon il n'a pas peur, contrairement à Edouard Louis, d'aller devant une cour d'assises. Je ne peux pas imaginer que ce dossier résistera à un examen contradictoire devant des jurés", a réagi Me Marie Dosé.

(Source AFP)

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