Lecture
Des livres pour l'été
Le mois d’août s’annonce plus faible en soirées qu'à l'habitude, beaucoup d'entre vous sont au soleil; alors e-llico.com vous conseille quelques lectures d'été qui vous changeront du clubbing ou du cruising. En voici cinq, très différentes, mais qui méritent le détour…> Frédéric Mitterrand, « Le Festival de Cannes », éd. Robert Laffont, 19 euros.
Pas vraiment une suite de « La mauvaise vie » mais sur un ton proche (le fameux ton Mitterrand à travers lequel on entend sa voix si particulière), ce livre étrange et séduisant navigue sans cesse entre les impressions d’un Frédéric festivalier en 2006 et donnant son avis sur les films en compétition, ses souvenirs cinéphiles d’autres festivals où il croise des stars, ses fantasmes masculins, ses relations avec « l’enfant »… Avec toujours cette pointe de nostalgie lyrique qui est sa marque. Moins personnel et urgent que le précédent, ce livre n’en reste pas moins très séduisant.
> Marie-Christine Buffat, « La piqûre », éd. Mic-Mac, 16,50 euros.
Dans la famille désormais bien fournie des polars à tonalité gay, ce premier ouvrage d’une jeune romancière suisse trouve sa place. Ce qui est intéressant dans ce suspense habile autour du suicide (vraiment ? c’est toute la question) du compagnon de l’héroïne, c’est d’ailleurs de faire de l’homosexualité de ses personnages quasiment un non-sujet. Pour le reste, enquête et rebondissements ne manquent pas de surprises et le rôle de la piqûre d’insecte qui donne son titre au bouquin n’est pas la moindre…
> Patrick Rouxel, « Les papillons froissés », éd. Les Points sur les I, 18 euros.
On ne sait pas vraiment d’où sort ce premier roman, et on ne sait rien de son auteur mais voilà, quelque chose se passe, d’assez inattendu, avec ce texte où deux grands blessés de la Première Guerre mondiale traversent les années et les épreuves ensemble jusqu’à une autre guerre. Il y a dans ces pages beaucoup d’émotion, une façon touchante de parler de la différence, une sérénité de l’écriture qui ne laissent pas indifférents.
> Upamanyu Chatterjee, « Nirvana mode d’emploi », éd. Joëlle Losfeld, 28 euros.
Avec « Nirvana mode d’emploi », son quatrième roman, l’écrivain indien Upamanyu Chatterjee met en scène un jeune homme issu des classes moyennes, littéralement dévoré par sa libido. Le lecteur est invité à suivre Bhola depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte, pendant un peu plus de 25 années. Très tôt, Bhola n’aime pas son corps, il est gros et s’astreint à des régimes. Son obsession de la minceur va de pair avec une quête sexuelle effrénée, toutes deux révélatrices d’un malaise plus profond. Ses premières amours le portent vers les garçons, la cristallisation fondatrice ayant pour objet le cuisinier de ses parents, suivi de près par son professeur de sport, individu violent et sadique. Sauf que l’érotisme que dégagent les aisselles talquées d’un autre de ses professeurs, Miss Jeremiah, surnommée « Tétons fous », vient compliquer la donne de son identité sexuelle… Le roman décrit la longue descente aux enfers du personnage. Si l’exagération est souvent au rendez-vous, c’est pour mieux dynamiter l’éventuel spleen qui pourrait gagner le lecteur. Une chose est certaine, pour dévorer ce roman, nul besoin de mode d’emploi ! Un texte brillant et séduisant.
> Kristina Dariosecq, « Je n’ai jamais tué quelqu’un qui ne le méritait pas », éd. Pascal Petiot, 17,90 euros.
Sous ce titre pour le moins peu banal se cache un livre qui ne l’est pas moins où l’auteure, une transsexuelle, raconte sa rencontre et sa vie avec un braqueur qui prononce la phrase fatale… Retraçant cette vie à la marge de la société, Kristina Dariosecq fait preuve à la fois de pertinence dans la description de l’époque, de justesse dans la compréhension des motivations de son héros, d’humour dans la distance qu’elle prend avec cette vraie vie qu’elle raconte.