John Travolta joue les mères de famille dans Hairspray
«Hairspray», le remake musical du film culte de John Waters fait preuve d’un dynamisme et d’une joie de vivre à toute épreuve et offre à John Travolta un étonnant contre-emploi de mère de famille, rôle où il succède à Divine. Une fable sur la tolérance à découvrir en salles.E-llico.com / Agendas
John Travolta joue les mères de famille dans Hairspray
Mis en ligne le 30/08/2007
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Le retour en grâce de la comédie musicale se confirme, et les allers-retours scène-écran se multiplient dans tous les sens : spectacles de Broadway transformés en films (« Chicago » ou « Dreamgirls »), ou longs métrages transposés sur les planches (« Le roi lion », qui atterrira dans un théâtre parisien en octobre). Le cas de « Hairspray » est un peu particulier puisque le film de Adam Shankman est (comme « Les producteurs » il y a peu) l’adaptation d’une comédie musicale à succès qui était elle-même une version chantée-dansée d’un film non musical. En moins de vingt ans (le film original date de 1988), Hairspray » aura donc fait le voyage dans les deux sens, avec à chaque fois la même réussite publique et critique.
Car le succès sourit à cette fable située dans les sixties puisque le premier film marqua un infléchissement plus grand public dans la carrière de son auteur, le trublion John Waters, spécialisé jusque-là dans un cinéma queer et underground au mauvais goût assumé dont l’icône n’était autre qu’un travesti obèse et sans complexes, Divine, dont « Hairspray » sera le dernier rôle. Avant de jouer cette mère de famille aux blouses à fleurs très seyantes (!), Divine avait apporté sa folie baroque et ses outrances — allant jusqu’à manger une crotte de caniche fraîche à la fin de « Pink flamingos » en 1972 — au cinéma déjà passablement barré de Waters.
Plus consensuel, plus lisse en apparence, « Hairspray », avec son histoire d’adolescente boulotte voulant à tout prix s’inscrire à une émission de télé dont les participants doivent montrer leurs talents de danseurs et se trouvant confrontée à tout un tas d’obstacles (jalousie d’une camarade de lycée, problèmes liés à son physique hors normes, prise de conscience du racisme ambiant et de la ségrégation régnant aux USA, etc.), avant de concrétiser son rêve dans un final délirant.
En 2002, le film choucrouté (et déjà très musical) de Waters se voit ajouter une vingtaine de morceaux chantés-dansés et se retrouve sur la scène de Broadway où il triomphe des mois durant avec, dans le rôle d’Edna Turnball (celui que tenait Divine) un autre comédien très queer : l’acteur-auteur de « Torch song trilogy », Harvey Fierstein.
Dans le remake cinéma qui sort en cette fin d’été, c’est le bien moins homophile (combien de démentis concernant les rumeurs sur son homosexualité ?) John Travolta qui endosse les tenues d’Edna. La star en profite pour renouer avec le genre qui l’a révélé il y a trois décennies, la comédie musicale : depuis « Grease » et « La fièvre du samedi soir », il ne s’y était presque plus risqué.
> Hairspray: le film
Signé par un chorégraphe, « Hairspray » n’est jamais aussi enthousiasmant que dans ses moments chantés et dansés. Et ça tombe bien car cette adaptation d’une comédie musicale de Broadway en compte une vingtaine qui revisitent avec énergie et humour les rythmes et les looks (ah ! les coiffures choucroute ! oh les robes à volant ! eh, les yeux ultra maquillés !) des sixties. Pour le reste, on s’amuse beaucoup face à cette histoire loufoque où une gentille jeune fille un peu trop enrobée rêve de faire valoir ses talents de danseuse dans une émission à la mode… Au passage, cette fable pimpante et ses très fantaisistes personnages stigmatisent (dans le droit fil du discours queer de John Waters) le racisme et les discriminations envers toutes les différences : c’est dire si le bonheur est total.
« Hairspray », de Adam Shankman, avec John Travolta, Nikki Blonski, Michelle Pfeiffer, Queen Latifah. En salles.