Brunei a instauré la lapidation pour punir les relations homosexuelles  - Droits humains

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Brunei a instauré la lapidation pour punir les relations homosexuelles

Le petit Etat de Brunei a instauré mercredi la peine de mort par lapidation pour punir l'homosexualité et l'adultère, nouvelle législation d'inspiration islamique qui suscite une vague d'indignation d'ONG, de personnalités et de gouvernements dans toute la planète.

E-llico.com / Actus

Brunei a instauré la lapidation pour punir les relations homosexuelles
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Mis en ligne le 03/04/2019

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Le pays riche en hydrocarbures situé sur l'île de Borneo, dirigé d'une main de fer par le sultan Hassanal Bolkiah, devient ainsi le premier pays d'Asie du Sud-Est à appliquer au niveau national un code pénal suivant la charia la plus stricte, comme le fait l'Arabie saoudite.

Le nouveau code prévoit aussi l'amputation d'une main ou d'un pied pour les voleurs. Le viol est également passible de la peine de mort, tout comme l'insulte au prophète Mahomet. Certains articles du code, comme la lapidation pour homosexualité, s'appliquent aux musulmans comme aux non-musulmans.

L'entrée en vigueur de cette législation a semé la consternation dans le monde entier, l'ONU dénonçant des "peines cruelles et inhumaines".

La star américaine du cinéma George Clooney, rejoint par le chanteur britannique Elton John, avait propulsé le sujet en une de l'actualité internationale en lançant un appel au boycottage de neuf hôtels de luxe liés au sultan de Brunei. Des élus de la ville de Los Angeles, qui abrite deux de ces hôtels, ont joint leur voix à cet appel.

Le sultan Bolkiah, qui dirige la monarchie depuis 1967, n'a pas mentionné officiellement l'entrée en vigueur des nouvelles lois dans un discours prononcé mercredi mais a appelé à un islam plus fort. "Je veux voir les enseignements de l'islam dans ce pays se renforcer", a-t-il déclaré dans un centre de conventions proche de la capitale, Bandar Seri Begawan.

L'appel à la prière doit se faire entendre dans tous les lieux publics, pas uniquement dans les mosquées, pour rappeler les croyants à leurs devoirs, a-t-il dit.

Des représentants du gouvernement ont confirmé l'entrée en vigueur de ce nouveau code pénal, qui a été dénoncé comme une atteinte aux droits humains. Phil Robertson, directeur adjoint de l'ONG Human Rights Watch, estime que le texte est "barbare dans son essence" et "impose des punitions archaïques pour des actes qui ne devraient même pas être considérés comme des crimes".

Pour l'Union européenne, certains aspects de la législation relèvent "de la torture ou d'actes cruels, inhumains et dégradants". En France, le ministère des Affaires étrangères a appelé le sultan à "renoncer à ce projet et à maintenir son moratoire de fait des exécutions capitales depuis 1957". Les Etats-Unis ont souligné que la législation était contraire "aux obligations internationales" de Brunei "vis-à-vis des droits de l'homme".

Le sultan, l'une des plus grandes fortunes au monde, avait annoncé dès 2013 l'application progressive de la charia. Les nouvelles lois rendent les rapports sexuels entre les hommes passibles de la peine capitale par lapidation. Les relations entre femmes sont passibles d'un maximum de 10 ans de prison.

Jusque là, les relations sexuelles entre hommes, déjà illégales à Brunei, étaient punies d'une peine maximale de dix ans de prison. Un habitant gay de 33 ans s'est insurgé contre des dispositions "injustes, cruelles" et qui ne doivent "pas être mises en oeuvre". "Cela enlève vraiment toute ma joie de vivre, ma liberté d'expression, cela me déprime tant", a-t-il dit à l'AFP sous couvert de l'anonymat.

Zulhelmi bin Mohamad, une femme transgenre de 19 ans qui a fui Brunei l'année dernière et demande l'asile au Canada, a jugé que la communauté LGBT du pays, qui vit déjà de manière "très cachée", allait souffrir encore davantage. "Certains s'inquiètent beaucoup et aimeraient fuir le pays avant qu'on découvre qu'ils ne sont pas hétérosexuels".

Pour les analystes, le sultan Hassanal Bolkiah cherche à renforcer son image de leader islamique aux yeux des plus conservateurs à un moment où l'économie nationale, basée sur le pétrole, donne des signes de faiblesse. 

Rédaction avec AFP


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