Javier Milei, la tentation libérale-libertaire contre la caste au pouvoir - Argentine

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Javier Milei, la tentation libérale-libertaire contre la caste au pouvoir

Il porte un blouson de cuir, les cheveux en bataille, donne des "cours d'économie" en public et veut éliminer la Banque centrale : Javier Milei, un économiste libéral-libertaire - pro-mariage gay - de 51 ans fait irruption sur la scène politique argentine, surfant sur le désabusement face à "la caste" au pouvoir.

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Javier Milei, la tentation libérale-libertaire contre la caste au pouvoir
Argentine

Mis en ligne le 12/11/2021

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"Je ne suis pas venu ici pour guider des agneaux, je suis venu réveiller des lions !", lance Javier Milei devant des dizaines de supporteurs, flattés et enthousiastes. "Vive la liberté, bordel !", s'exclame-t-il, en accusant "la caste politique" de tous les maux de l'Argentine, sans distinguer entre droite et gauche, gouvernement et opposition.

Sur une place de Villa Lugano, quartier populaire du sud de Buenos Aires, c'est Javier Milei en campagne, ou plutôt en "classe ouverte d'économie" comme il en donne régulièrement, attirant un public jeune, masculin, issu de toutes les classes sociales. Ils ont en commun un désenchantement face à la gouvernance du pays, englué dans une inflation chronique, l'endettement et pour 40% des habitants, la pauvreté.

Aux législatives partielles de dimanche, qui renouvellent pour partie Sénat et Assemblée, Javier Milei devrait faire son entrée au Parlement comme député. Aux "primaires" de septembre - sorte de répétition générale spécifiquement argentine -, son parti "La Libertad Avanza" (La liberté avance) a créé la sensation en arrivant en troisième position à Buenos Aires avec 13,6% des voix.

Look rebelle de rocker défraîchi - il assure de ne s'être pas coiffé depuis des années - ton volontiers provocateur, verbe virulent voire familier, Javier Milei est un personnage controversé. Auteur de nombreux livres, mais aussi accusé de plagiat d'économistes dans ses chroniques, ce qu'il a assumé, se disant "divulgateur".

Pour lui le libéralisme est une "bataille culturelle". Et se lancer en politique pour intégrer un Parlement qu'il a toujours considéré comme truffé de voleurs "ne signifie pas abandonner la bataille culturelle, mais la mener de l'intérieur", explique-t-il à l'AFP. 

A droite, mais hors système 

"Nous ne créerons jamais de nouveaux impôts, nous n'irons jamais contre la vie, jamais contre la liberté, jamais contre la propriété. Nous allons lancer des projets qui en finiront avec cette pression de l'Etat sur les individus", promet-il. Chez les jeunes, son discours direct, de libération de la prospérité, de libertés individuelles - mariage homosexuel, légalisation de drogues - résonne.

"Il parle sincèrement, il ne tourne pas autour du pot", salue Daniel Quiroz, étudiant venu d'une banlieue modeste de Buenos Aires pour écouter le "cours", à l'issue duquel sont distribués des ouvrages d'économistes. "Aujourd'hui, en Argentine, il y a comme un socialisme large, créé par toute la caste politique. Pour nous, la caste, c'est tout ce qui existe depuis longtemps et ne veut pas quitter le pouvoir", renchérit Matias Miro, militant libertaire de 40 ans.

Javier Milei "se positionne clairement à droite, à la fois économiquement - moins d'État, plus de marché - mais aussi sur d'autres valeurs, comme son opposition à l'avortement" légal depuis 2020, analyse le politologue Diego Reynoso, de l'Université de San Andrés. En même temps, sa croisade contre la "caste politique", qu'il rend responsable de la crise économique et sociale, "le place en dehors du système, lui permet un discours contestataire sur lequel il capitalise".

Et dans le Buenos Aires défavorisé, le discours "moins d'Etat" trouve, paradoxalement, écho. "Il y a là des gens qui ont un emploi formel et qui, malgré leurs efforts, ne s'en sortent pas, et se plaignent des prélèvements. On pourrait penser que ces secteurs demandent plus de pression fiscale, redistributive, mais ce n'est pas le cas". Si le gouvernement de centre gauche risque de devenir minoritaire au Parlement après les élections, l'opposition de centre droit a elle aussi des sueurs froides face à l'émergence de Janvier Milei, dans une capitale où elle détient la mairie depuis 2007.

L'ex-président Maurico Macri (centre droit), qui avait dénoncé en Milei des positions "frisant l'anarchisme", s'est récemment senti obligé d'affirmer que "beaucoup d'idées de Milei sont celles que j'ai toujours exprimées". "Pourquoi choisir une fausse version du libéralisme bas de gamme, quand vous pouvez opter pour la vraie et de grande qualité ?", a répliqué le nouveau phénomène.

Rédaction avec AFP


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