La communauté LGBT sous le feu de la droite avant les élections - Pologne

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La communauté LGBT sous le feu de la droite avant les élections

Marcher main dans la main et s'embrasser en public est une chose que les couples homosexuels de la ville conservatrice de Lublin, dans l'Est de la Pologne ne peuvent faire en sécurité qu'une fois par an, lors de la Marche de la fierté, et encore derrière un cordon des forces antiémeute lourdement armées.

E-llico.com / Actus

La communauté LGBT sous le feu de la droite avant les élections
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Mis en ligne le 07/10/2019

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C'est encore plus difficile et dangereux à la veille des législatives du 13 octobre, "la lutte contre l'idéologie LGBT" étant devenue un des éléments clés de la campagne électorale de la droite conservatrice nationaliste au pouvoir. La communauté gay est également devenue la cible des attaques de la puissante Eglise catholique.

Cette année, à Lublin le cordon policier s'est avéré encore une fois nécessaire fin septembre, lorsque l'extrême-droite et des militants conservateurs ont organisé une violente contre-manifestation, faisant pleuvoir bouteilles, oeufs et épithètes homophobes pour tenter de bloquer la marche. Les forces antiémeute ont dû utiliser des canons à eau et du gaz poivré pour les disperser.

La police a interpellé une quarantaine de personnes, dont deux qui avaient apporté à la marche des bombes artisanales potentiellement meurtrières fabriquées à partir de bouteilles de gaz et des pétards. Des tentatives de bloquer les marches de fierté ont eu lieu cette année dans plusieurs villes de Pologne.

Peur

"J'ai peur que nous ou nos enfants ne soyons attaqués, j'ai peur d'être humiliée devant des enfants, j'ai peur que ma voiture soit vandalisée ou que quelqu'un incendie notre appartement", " explique un couple de lesbiennes d'une trentaine d'années vivant à Lublin, sous couvert d'anonymat. "Nous n'oserions jamais nous tenir la main en public à Lublin", ajoute une des femmes. Elle envisage d'engager des poursuites judiciaires pour harcèlement sur le lieu de travail en raison de son orientation sexuelle.

L'autre affirme que son ex-mari est devenu dominateur, violent et extrêmement homophobe lorsqu'elle lui a dit qu'elle le quittait pour une femme.

Contrairement à la plupart des autres pays de l'UE, la Pologne ne reconnaît aucune forme d'union homosexuelle. La très influente Eglise catholique et les conservateurs nationalistes au pouvoir de Droit et Justice (PiS), favori du scrutin, ont lancé de violentes attaques contre la communauté LGBT au cours de la campagne.

Peste arc-en-ciel

L'archevêque Marek Jedraszewski a qualifié la communauté de "peste arc-en-ciel". Le dirigeant du PiS Jaroslaw Kaczynski a remercié l'archevêque pour ses paroles et accusé la communauté LGBT de constituer une "menace" pour la famille traditionnelle. Selon Tomasz Pitucha, membre du PiS et conseiller municipal de Lublin chargé des affaires familiales, opposé à la marche, la communauté gay est elle-même la cause des contre-manifestations violentes.

"La Gay pride et les autres manifestations LGBT sont des provocations contre la société", a déclaré l'homme de 50 ans. "Personne ne poursuit les homosexuels, mais si ces personnes s'affichent et défilent, cela déclenche diverses réactions."

Plus tôt cette année, les autorités de Lublin, alliées du PiS, ont décerné des récompenses à des responsables locaux qui se sont opposés publiquement à "l'idéologie LGBT", allant, selon eux, "à l'encontre de la famille, de la nation et de l'État polonais".

À dix kilomètres de Lublin, la ville de Swidnik a été en mars la première des quelque 30 municipalités polonaises à avoir adopté une résolution dans laquelle elle s'est déclarée "libre de toute idéologie LGBT".

Bien que ces résolutions ne soient pas juridiquement contraignantes, elles encouragent les élus à veiller à ce que l'éducation sexuelle, y compris l'information sur la diversité sexuelle, soit bannie des écoles. "Nous nous opposons à 'l'idéologie LGBT', qui s'impose de plus en plus sur la scène publique internationale", a déclaré à l'AFP Andrzej Manka, élu local de Swidnik.

Quitter la Pologne ?

Certains membres de la communauté LGBT de Pologne sont optimistes quant à l'avenir, en dépit de la campagne anti-gay. "C'est la classe politique qui interdit notre amour, mais la société est plus ouverte d'esprit", déclare Tomasz Kitlinski, professeur d'université ouvertement homosexuel à Lublin et candidat de gauche aux législatives.

Selon une enquête récente, 57% des Polonais sont favorables à la légalisation de l'union civile pour les couples de même sexe. Mais le fait que le PiS soit sur le point de remporter un autre mandat de quatre ans pousse certains membres de la communauté LGBT à envisager de quitter la Pologne. "Ces derniers temps, nous nous demandions si nous avions la possibilité de mener une vie normale et d'élever nos enfants en Pologne", a déclaré l'une des lesbiennes de Lublin.

Rédaction avec AFP 


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