La lenteur du CSA et la réactivité des annonceurs face aux dérapages d'Hanouna  - Homophobie

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La lenteur du CSA et la réactivité des annonceurs face aux dérapages d'Hanouna

Alors que le CSA doit décider d’ici à la fin de mai s’il engage des poursuites contre une séquence homophobe de l’émission "Touche pas à mon poste", objet de nombreuse plaintes de téléspectateurs et d'associations LGBT, les annonceurs publicitaires désertent en masse le programme.

E-llico.com / Actus

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Mis en ligne le 23/05/2017

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Lundi matin, quelques activistes LGBT ont manifesté devant les locaux du Conseil supérieur de l'audiovisuel auquel ils reprochent "sa passivité à l’égard de Cyril Hanouna". Ils ont tagué sur le trottoir le slogan "Hanouna  producteur d'homophobie, CSA complice" (photo)

Le CSA devrait se pencher sur le nouveau dérapage homophobe survenu dans l'émission "TPMP ! RADIO BABA", diffusée en prime time sur C8 jeudi 18 mai, au cours d'une session plénière le 31 mai prochain. 

Si l'émission de Cyril Hanouna est l'une de celles qui génèrent le plus de plaintes auprès du CSA, l'ampleur des réactions suscitées par l'émission de jeudi est inédite.

Plus de 20.000 personnes ont saisi le CSA, a indiqué cette instance, après que l'animateur et producteur a piégé des homosexuels par un canular dénoncé comme homophobe par l'ensemble des associations LGBT.

"Cyril Hanouna repart dans un nouveau canular d'une homophobie crasse et avérée", a commenté Yohann Roszéwitch, conseiller à la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah).

Joël Deumier, le président de SOS homophobie, a qualifié le canular d'"indigne, honteux et homophobe", sur Twitter.

L'association Le refuge, qui fournit un toit à des jeunes victimes d'homophobie, s'est dite "consternée et particulièrement choquée" par la séquence, qui véhicule "une image dégradante des personnes homosexuelles en les réduisant à une caricature", via un communiqué de son avocat Charles Bernier.

"Touche pas à mon poste" a déjà reçu plusieurs avertissements du CSA pour des séquences jugées choquantes ou humiliantes.

Sur Twitter, le réalisateur Xavier Dolan a qualifié l'animateur d'"imbécile".

"On peut certes rire de tout. Piétiner la dignité, c'est autre chose. Tolérer une discrimination justifie toutes les autres", a réagi de son côté l'ex-garde des Sceaux Christiane Taubira.

La chroniqueuse de France Inter Sophia Aram a jugé lundi l'épisode "à vomir": "Tu es responsable d'une banalisation des humiliations que subissent de nombreux homosexuels", a-t-elle dit à l'animateur.

"Le CSA compte-t-il enfin bouger?" a tweeté le vice-président du Front national, Florian Philippot.

Quelle sanction ? 

Une procédure de sanction, initiée par le CSA, a été engagée contre C8 en décembre 2016 pour sexisme, après une autre en novembre pour "atteinte au respect de la personne humaine".

La séquence diffusée jeudi dernier peut donc être considérée comme une récidive.

Le régulateur va étudier cette nouvelle séquence et rendra sa décision dans les prochaines semaines. 

S'il décide d'engager des poursuites, le dossier sera transmis à un magistrat indépendant qui peut décider de classer l'affaire ou de sanctionner.

Si le magistrat propose une sanction, c'est le CSA qui a le dernier mot et peut proposer amendes, suspension du programme ou des publicités ou bien sanction ultime, le retrait d'autorisation de diffusion de la chaîne concernée.

Le recours au Code pénal

Dans une tribune publié par le site de L'Obs, Mathieu Simonet, écrivain et avocat, estime quant à lui, qu'il conviendrait de s'en remettre à la loi.

"Cyril Hanouna, en postant une fausse annonce sur internet pour échanger par téléphone avec de jeunes hommes sur leur sexualité, dans le but de diffuser ces échanges devant plus d’un million de personnes, sans qu’ils soient informés que leurs paroles étaient enregistrées et entendues par un public très large s’est, selon moi, rendu a minima coupable des faits sanctionnés par ces articles de loi", écrit-il en référence aux articles 226-1 et 226-2-1 du Code pénal

Ces articles punissent de deux ans d’emprisonnement et de 60.000 euros d’amende le fait "au moyen d’un procédé quelconque, volontairement de porter atteinte à l’intimité de la vie privée d’autrui en captant, enregistrant ou transmettant sans le consentement de leur auteur, des paroles (présentant un caractère sexuel) prononcées à titre privé ou confidentiel".

Ouverture d'une enquête préliminaire

Cyril Hanouna est également au centre d'une enquête préliminaire, ouverte par le parquet de Créteil (Val-de-Marne) pour deux canulars téléphoniques, commis aux dépends de deux commissariats de police du département, à la suite de celui piégeant des homosexuels.

D'après une information du journal Le Parisien, une enquête a été ouverte pour "appels malveillants et usurpation d'identité". Selon le quotidien francilien, le service d'accueil et d'investigation de proximité (Saip) d'Ivry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne, a aussi été saisi.

Les annonceurs désertent

Le dérapage de Cyril Hanouna a aussi des conséquences sur le plan publicitaire avec des incidences financières sur la chaîne C8 et le groupe Canal + qui pourraient s'avérer lourdes étant donné la forte audience de TPMP.

Devant l'ampleur de polémique, des annonceurs importants du programme comme Bosch, Flunch, Orange, SFR, Groupama et Petit Navire ont décidé d'arrêter leur campagne de pub en cours ou à venir dans l'émission.

Ils ont été suivis par Decathlon et le groupe automobile PSA Peugeot Citroën après des interpellations d'internautes sur Twitter.

Chanel, Guerlain et Disneyland Paris ont aussi fait savoir qu'ls ne comptaient plus annonçer dans l'émission pour leurs prochaines campagnes de pubs.

LU - qui était sponsor à part entière de l'émission jusqu'à la semaine dernière - et Easyjet envisagent également de boycotter TPMP.

Cette incidence financière pourrait au final avoir plus d'impact et d'efficacité sur la suite que le groupe Canal+ pourrait réserver au programme d'Hanouna que les hypothétiques sanctions du CSA.

Ainsi, dans son émission du 22 mai, l'animateur-producteur a d'ailleurs esquissé un début de mea culpa en reconnaissant une "erreur" et en approuvant pour le responsable, de l'association "Stop homophobie" pour qui il faut "cesser toutes les blagues homosexuelles".

De son côté, le directeur général de C8 a proposé de produire et diffuser des spots de soutien aux associations anti-homophobie. "C'est seulement quelques annonceurs qui se retirent de l'émission et de l'antenne", a tenté de minimiser Franck Appietto, sur Europe 1, précisant : "Ce n'est pas la majorité". "Je remercie les 200 annonceurs qui restent et qui ont fait la nuance entre TPMP et une séquence tardive interdite aux moins de 12 ans", a-t-il ajouté. 

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