Le ras-le-bol des homosexuels face aux menaces d'abrogation du mariage gay - Communauté LGBT

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Le ras-le-bol des homosexuels face aux menaces d'abrogation du mariage gay

"Ras-le bol", "qu'ils nous lâchent", "passons à autre chose": la question de l'éventuelle abrogation de la loi Taubira, agitée ce week-end au sein de l'UMP, agace de nombreux homosexuels et divise les juristes.

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Le ras-le-bol des homosexuels face aux menaces d'abrogation du mariage gay
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Mis en ligne le 18/11/2014

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UMP Mariage gay Abrogation Sarkozy

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"Cette actualité tourne en rond et lasse tout le monde, c'est fatigant de remettre le sujet sur la table à chaque fois, qu'ils nous lâchent un peu", tonne Nathalie Mestre, 45 ans, adhérente des Enfants d'arc-en-ciel, association de familles homoparentales.

"On nous présente à nouveau comme des gens pas normaux", s'énerve aussi Stéphane Corbin, 50 ans, agent de propreté. "On en a ras-le-bol d'entendre les politiques là-dessus. Il n'y a pas de mariage gay, il y a un mariage ouvert à tous, passons à autre chose."

Le débat a été relancé par Nicolas Sarkozy. L'ex-président, vague sur le mariage homo depuis son retour en politique, s'est finalement prononcé samedi pour l'"abrogation" de la loi Taubira. Sa sortie a provoqué la colère de plusieurs associations de défense des homosexuels.

"C'est honteux de vouloir abroger une loi qui a permis à des couples de voir leur amour et leurs droits reconnus", a déclaré le président de SOS Homophobie Yohann Roszewitch.

Dans un communiqué, l'Inter-LGBT a accusé Nicolas Sarkozy de "céder aux sirènes du lobby le plus hargneux". "Nos familles ne sont pas vos jouets", lui a lancé le président du collectif Jérôme Beaugé, sur Twitter.

Depuis la promulgation de la loi au printemps 2013, le sujet revient sur le devant de la scène au gré des mobilisations de La Manif pour tous et des débats qui traversent la droite, en pleine recomposition.

Dans son dernier numéro, mis sous presse avant la sortie de Sarkozy, le magazine gay Têtu s'en prend aux "anti-égalité", qui "continuent à rabâcher leurs discours ad nauseam" alors que les sondages récents "montrent qu'une très large majorité de Français acceptent l'homosexualité". Selon un sondage Ifop publié dimanche, 68% des Français sont désormais "favorables" au "mariage pour tous".

Au-delà du "ras-le-bol", beaucoup doutent de la faisabilité d'une telle abrogation. "Sarkozy fait semblant de le vouloir, certains font semblant d'y croire mais au fond tout le monde sait que la loi ne sera jamais abrogée", assure Nathalie Mestre. Selon la présidente des Enfants d'arc-en-ciel Nathalie Allain-Djerrah, "ce sont des mensonges de campagne": "La droite espagnole avait aussi promis l'abrogation de la loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe et n'a finalement pas abrogé la loi en revenant au pouvoir."

Beaucoup à droite sont sur la même ligne. La chef de file de l'UMP à Paris Nathalie Kosciusko-Morizet, le député UMP Frédéric Lefebvre, le candidat à la présidence de l'UMP Bruno Le Maire ont tous estimé que la loi ne pourrait de fait être abrogée. Chez les juristes, la question divise.

Pour l'avocate Caroline Mecary, spécialiste des droits des homosexuels, une abrogation "créerait une discrimination légale" entre les homosexuels qui ont pu se marier et "ceux qui ne le pourront pas". Selon elle, la jurisprudence du Conseil constitutionnel est claire: "A partir du moment où une liberté fondamentale a été ouverte à une catégorie de citoyens, on ne peut pas revenir en arrière."

Le constitutionnaliste Didier Maus estime au contraire que la loi pourrait être réécrite sans difficulté. Si les couples mariés ne pourraient pas être "démariés", "ce que fait une loi, une autre loi peut le défaire", affirmait-il dans la foulée de l'adoption du mariage homo. "On peut même faire dans la dentelle, c'est-à-dire maintenir le mariage mais modifier les règles sur l'adoption." "Il y a des tas de situations juridiques où des gens, régis par un système ancien conservent leurs droits et d'autres, dans un système nouveau, ont des droits retranchés", assurait aussi à l'AFP le constitutionnaliste Dominique Chagnollaud. "Cela ne pose aucune difficulté."

(Source AFP)

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