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Le tourisme gay, florissant, se diversifie

Les homesexuels, aux dépenses supérieures à la moyenne des voyageurs, sont convoités par l'industrie touristique, qui tente de proposer une offre plus diversifiée, au-delà du sempiternel cliché de la "fiesta" à Ibiza.

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Mis en ligne le 21/01/2017

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Tourisme gay

Au salon du tourisme Fitur qui se tient à Madrid jusqu'à dimanche, l'un des plus grands au monde, un espace spécial a été réservé au secteur, dans un pays considéré comme particulièrement "gay-friendly"- l'Espagne fut l'un des trois premiers pays à légaliser le mariage homosexuel.

Selon les estimations, les touristes gays ne représentent que 5 à 10% des touristes mondiaux. "Mais ils dépensent plus", car ils n'ont généralement pas d'enfants et ont donc "plus de revenu disponible", explique Juan Pedro Tudeal, directeur du cabinet espagnol spécialisé Diversity consulting international. En outre, ils dépensent "encore plus quand ils se savent acceptés", assure Thomas Bömkes, directeur de Diversity Tourism, un consultant allemand.

S'il est difficile de chiffrer précisément les dépenses, "on ne peut pas nier que les voyageurs LGBT représentent un segment dynamique et influent à l'intérieur du secteur touristique", soulignait aussi l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) dès 2012 dans un rapport.

La capitale espagnole attend trois millions de visiteurs pour la World Pride fin juin début juillet, avec des retombées encore plus importantes que celles de l'habituelle Gay Pride, qui génère déjà 150 millions d'euros en quelques jours. L'intérêt de l'événement n'échappe pas aux grandes entreprises: la compagnie Ibéria offre des réductions spéciales pour cette période de l'année, ainsi que certains hôtels. En Espagne, les festivals "pride" font figure de produits d'appel dans certaines stations balnéaires.

Aux Canaries, Maspalomas en organise trois fois par an, pour un chiffre d'affaires qui peut grimper jusqu'à 20 millions d'euros à chaque fois, selon leur organisateur Fernando Ilarduya.

De manière générale, les clubs de vacances, bungalows et croisières réservées se sont multipliées. Pour Thomas Bömkes, les clients gays ont des "besoins spécifiques": possibilité de faire des rencontres, amicales ou amoureuses, mais aussi de bénéficier d'offres spéciales hors saison, puisqu'ils partent moins pendant les vacances scolaires.

"Certains détails rendent aussi le voyage plus agréable, par exemple un hôtel qui ne donne pas des lits séparés à deux femmes prenant une chambre ensemble", explique Marion Couturier de l'agence d'événementiel Hansen&Partner.

Le logo arc-en-ciel ne suffit pas

Alors que l'Espagne, la Thaïlande et Bali sont déjà des destinations bien établies, l'Amérique latine se positionne à son tour sur le secteur. A Fitur, l'Argentine rappelle dans ses brochures avoir été le premier pays du continent à légaliser le mariage homosexuel, tandis que la Colombie met en avant des formules sur mesure. Mais le simple logo arc-en-ciel ne suffit pas, et peut même repousser certains clients, pas forcément adeptes du côté "communautaire".

"Certaines personnes ne veulent pas des offres spéciales" ciblées gay et n'ont pas besoin des services d'agences spécialisées. La plupart d'entre eux sont très éduqués. Ils savent parfaitement comment tout réserver eux-mêmes", souligne Thomas Bömkes.

La réputation "gay-friendly" d'un hôtel n'arrive qu'en 3e position dans les facteurs de choix, après l'emplacement et le rapport qualité-prix, selon un récent sondage du cabinet américain Community Marketing. Plutôt que la promotion de lieux communautaires ou de fêtes débridées, certaines destinations tentent donc une approche plus nuancée.

La région d'Estrémadure, au sud-ouest de l'Espagne, s'appuie certes sur une Gay Pride née il y a quelques années après les propos homophobes d'un élu. Mais elle promeut aussi tourisme rural, architecture et observation des oiseaux. Objectif: miser sur le long terme et sur une clientèle de plus en plus familiale. "Nous ne pensons pas que les touristes gays dépensent plus", d'autant qu'ils sont désormais plus nombreux à avoir des enfants, "nous visons le volume", car ils représentent 10% des touristes, détaille le responsable régional Hugo Alonso.

D'autres se tournent vers le tourisme lesbien, "en plein boom" désormais malgré le retard par rapport au secteur masculin, explique Marion Couturier. "Les hommes préfèrent le tourisme urbain, alors que les femmes recherchent les activités de plein air, la culture, la gastronomie", souligne Sylvia Lacosta, dont l'agence à Tenerife reçoit déjà 200 clientes par mois après deux ans d'activité.

(Source AFP)

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