Montrer la mort et la maladie sans tabou - <I>Les Vies de Thérèse</I> à Cannes

Les Vies de Thérèse à Cannes

Montrer la mort et la maladie sans tabou

Le 16 février 2016, Thérèse Clerc, l'une des grandes figures du féminisme et des droits LGBT, mourait à 88 ans. Atteinte d'un cancer, cette "femme debout", a demandé à son ami et réalisateur Sébastien Lifshitz de filmer sans tabou ses dernières semaines.

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Montrer la mort et la maladie sans tabou
Les Vies de Thérèse à Cannes

Mis en ligne le 17/05/2016

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Les Vies de Thérèse Thérèse Clerc Sébastien Lifshitz

"Le déni de la vieillesse et de la mort me chagrine. On va filmer jusqu'au bout, et bravement!", lance d'emblée à la caméra cette militante de tous les combats féministes, de l'avortement à l'égalité des droits entre les hommes et les femmes, en passant par les luttes homosexuelles.

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Dès les premières images, Thérèse Clerc apparaît sur son lit d'hôpital, le corps affaibli et amaigri, le souffle court.

Présenté lundi à la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes, "Les Vies de Thérèse", ce documentaire bouleversant a été longuement applaudi en séance de presse. Thérèse Clerc y jette un dernier regard tendre et lucide sur ce que fut sa vie personnelle, ses batailles et ses amours, illustrées par des archives télévisées et des films de famille.

Issue de la bourgeoisie catholique, mariée à 20 ans et divorcée en 1968 car "elle s'ennuyait", Thérèse Clerc, fondatrice de la Maison des Babayagas, résidence pionnière autogérée pour personnes âgées à Montreuil (Seine-Saint-Denis), a révélé son homosexualité à 40 ans, "comme un acte militant".

Tout en sobriété, la caméra de Sébastien Lifshitz suit Thérèse lors d'examens médicaux ou de conversations avec son médecin sur les soins palliatifs, mais aussi lors d'un dernier goûter familial. "Je ne pense qu'à des choses insignifiantes... Est-ce que j'occulte la mort ou l'agonie ? Je ne sais pas", confie Thérèse.

Face à la caméra, ses quatre enfants évoquent des souvenirs, mais aussi leur sentiment en participant à ce film-testament.

Le réalisateur l'avait interviewée en 2012 dans un précédent documentaire, "Les Invisibles" consacré à des homosexuels âgés, nés dans l'entre-deux-guerres.

Thérèse Clerc a également créé l'Université des Savoirs sur la Vieillesse "Quand elle m'a proposé de filmer ses derniers jours, j'ai eu besoin de réfléchir même si j'étais incapable de lui dire non. J'ai eu peur. Jusqu'où aller notamment", explique à l'AFP le réalisateur.

"Elle a voulu utiliser son corps affaibli dans un dernier geste militant et politique pour montrer et parler de la dégradation inexorable, dans une mise à nu totale. Elle voulait aussi montrer l'image glorieuse de quelqu'un qui s'en va", dit Sébastien Lifshitz qui a décidé d'occulter le décès. "J'ai considéré que ce n'était pas nécessaire: je voulais que le film garde d'elle une image vivante, debout dans ce combat ultime. La mort ne devait pas tout prendre", conclut le réalisateur.

(Source AFP)

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