"Nous savons que l'homosexualité est taboue en Haïti mais elle n'est pas un problème social et nous sommes déterminés à contrecarrer et à dénoncer tous ces discours homophobes, violents et discriminatoires qui n'ont plus leur place dans notre société", a déclaré à l'AFP Charlot Jeudy, président de l'association Kouraj.

Dans un entretien lundi au quotidien national Le Nouvelliste, le sénateur Jean Renel Sénatus avait dénoncé la diffusion sur les chaînes haïtiennes de séries télévisées comme "Glee".

"Je veux lancer un signal aux familles haïtiennes qui sont en danger aujourd'hui: les pères et mères de famille devraient observer une vigilance hors pair durant les vacances", a expliqué le parlementaire, qui a fait de la moralisation de la société son cheval de bataille.

"Nous voulons attirer leur attention sur ces feuilletons qui font la promotion des mauvaises moeurs, allant en sens contraire de la moralité".

Selon lui, une partie de la communauté internationale voudrait imposer l'homosexualité en Haïti. "Il y a certaines choses dont on a besoin de l'étranger, tout comme il y en a d'autres dont on n'a pas besoin et il faut des poubelles pour jeter celles-ci", a-t-il martelé.

Un tel discours a choqué la communauté gay d'Haïti. "Nous sommes nés masisi, nous resterons masisi", affirme l'organisation Kouraj dans son manifeste, reprenant volontairement le terme péjoratif créole pour désigner les homosexuels. "Dire que l'homosexualité est un truc d'étranger, c'est de la foutaise", a lancé Charlot Jeudy. "Que certains soient d'accord ou non, on fait partie de ce corps social: c'est un fait".

La communauté LGBTI a dénoncé une polémique inutilement relancée par le sénateur. "Il s'amuse à tirer à boulets rouges sur la communauté LGBTI. C'est malheureux d'avoir ce genre de personnes qui nous représente", a-t-il conclu.

En juillet 2013, une manifestation contre l'homosexualité avait réuni plusieurs milliers de personnes en Haïti.

(Source AFP)