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Une enquête inédite sur le don sauvage de sperme

Pourquoi des hommes donnent-ils leur sperme dans l'illégalité la plus totale, sans passer par des centres agréés et qui sont les receveuses? Pour répondre à cette question, la journaliste indépendante Sarah Dumont a réalisé une enquête inédite qui vient d'être publiée aux Editions Michalon.

E-llico.com / Actus

Une enquête inédite sur le don sauvage de sperme
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Mis en ligne le 14/09/2016

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Don de sperme

Pendant deux ans, la journaliste a eu des entretiens approfondis avec une douzaine de donneurs et une dizaine de receveuses ainsi qu'une quarantaine d'échanges sur internet. "Les receveuses sont beaucoup plus frileuses que les donneurs pour en parler parce qu'elles risquent plus gros", explique-t-elle.

En France, il est en effet interdit de manipuler du sperme en dehors des centres agréés par l'agence de Biomédecine, avec des sanctions pouvant aller jusqu'à 30.000 euros d'amende et deux ans de prison. Mais comme les délais sont très longs et que la procréation médicale assistée (PMA) avec don de sperme est réservée aux couples hétérosexuels, un nombre croissant de femmes, principalement des couples lesbiens et des femmes seules, partent à l'étranger ou se tournent vers le don de sperme "sauvage".

Contrairement au don de sperme organisé, ce don sauvage passe par une série de voies parallèles, essentiellement les réseaux sociaux qui permettent aux donneurs et aux receveurs de se rencontrer.

Son ampleur est "impossible à quantifier" indique la journaliste qui précise que les méthodes les plus utilisées sont "artisanales", à l'aide d'une pipette ou "semi-naturelles" avec une éjaculation à la dernière minute "qui garantit un meilleur taux de réussite". Mais le rapport sexuel complet compte également bon nombre d'adeptes, comme le reconnait Ed, "le géniteur champion d'Europe", père de 112 enfants qui affirme que 90% de ses dons ont eu lieu par ce biais.

Quant aux motivations des géniteurs, elles peuvent être très diverses : certains souhaitent aider celles qui n'ont pas accès à la PMA ou qui ne veulent plus attendre ou encore qui refusent l'anonymat du don. D'autres ont des motivations plus troubles comme ceux qui cherchent à compenser des manques, tels l'absence d'un père, qui veulent se rassurer sur leur virilité ou refusent le rapport sexuel lorsque "la fille est moche".

Francis David, l'administrateur d'une dizaine de groupes dédiés à l'insémination artificielle sur internet, lui-même père d'une cinquantaine d'enfants, prend pour sa part le temps de discuter avec la future mère et demande à être informé sur la naissance et le nom du bébé.

Certains donneurs réclament pour leur part une rémunération qui peut aller jusqu'à 250 euros par insémination. "J'ai été frappée par de très belles histoires de gens qui se sont rencontrés à travers ces dons" relève Sarah Dumont qui reconnait également avoir fait l'objet de "beaucoup de relances" de donneurs lorsqu'elle n'a pas donné suite.

"Super-géniteurs", 188 pages aux éditions Michalon

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