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Hommes pour hommes, une histoire de l'homoérotisme
"Hommes pour Hommes" de Pierre Borhan retrace l’histoire de la photographie homoérotique et des représentations homosexuelles, de 1840 à nos jours. Présentation et rencontre avec l'auteur.E-llico.com / Dossiers
Hommes pour hommes, une histoire de l'homoérotisme
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Mis en ligne le 12/10/2007
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Indissociable des transformations religieuses, politiques, scientifiques et sociales, de la libération progressive des mœurs et du besoin des photographes de s'exprimer librement, cette histoire est riche aussi bien d'approches documentaires que des expressions artistiques les plus suggestives, les plus provocantes ou les plus courageuses.
L’ouvrage de Pierre Borhan est le premier à proposer une mise en perspective de photographies faites par ou pour les homosexuels, de photographies qu’ils se sont appropriées et de témoignages sur leurs manières d’être –on dirait aujourd'hui leur mode de vie-, leurs aspirations, leurs admirations, leurs joies et leurs peines.
Pour l’auteur, cette veine photographique, liée à l’évolution des idéologies, à celle de la presse et des autres médias, donc à la lente érosion d’interdits arbitraires, a profité d’interférences variées avec, notamment, l’invention de la sexologie, la résurgence de la culture physique et du sport, les audaces littéraires et cinématographiques des temps modernes, de même qu’avec l’histoire de l’art qui lui a maintes fois servi de point d’appui ou de tremplin.
Le culte de la beauté virile, nourri par l’insatiable besoin des homosexuels d’admirer, de convoiter, de fantasmer, constitue la ligne de force d’une histoire ponctuée de tabous et de transgressions, de connivences, de délectations et de jubilations. Les corps convoités d’éphèbes, d’idoles et d’athlètes musclés, tels ceux d’Eugen Sandow, de Johnny Weissmuller, de James Dean, de Marlon Brando, de Joe Dallesandro et de Peter Berlin, n’ont cessé d’agrémenter des imaginations d’autant mieux attisées que les photographes se révélaient habiles et doués.
D’abord scandaleuse et honnie (à une époque où l’homosexualité était considérée comme un péché, un crime, une perversion), la photographie homoérotique est devenue rebelle, conquérante, avant d’être permise, acceptée, respectée. Elle a accompagné l’émancipation des gays et leur accession à une identité individuelle et collective, certes sexuelle et sentimentale, mais aussi culturelle.
Trois parties (onze chapitres) permettent d’apprécier des portraits et témoignages restés longtemps dans les placards, des nus idéalisés ou libertins, appropriés aux désirs et aux engouements des connaisseurs avertis, et des hardiesses pornographiques clandestines :
-1840- 1918 La lente émergence de l’homosexualité en photographie
-1918- 1969 Le choix des photographes, entre refoulement et émancipation
-1969- 2005 Les auteurs photographes s’assument publiquement
Le lecteur peut suivre, grâce à près de 350 œuvres reconnues ou inédites, les mutations des thématiques et esthétiques des photographes amateurs et professionnels qui devancèrent ou reflétèrent la refonte des normes, de Wilhelm von Gloeden et Fred Holland Day à George Platt Lynes, de Raymond Voinquel et Herbert List à la Beefcake photography, de Robert Mapplethorpe et Arthur Tress à Duane Michals, Toni Catany et Pierre et Gilles.
Une histoire ponctuée de tabous et de transgressions, de connivences, de délectations et de jubilations.
"Hommes pour hommes".
Pierre Borhan.
Editions des deux terres.
69 euros.
Crédits photo (de haut en bas):
-Raymond Voinquel, Jean Marais, 1938
Collection particulière / © Ministère de la Culture, France
-Jan Saudek, Hey Joe !, 1959
Collection particulière, © Jan Saudek
-Youssef Nabil, What have we done wrong, Le Caire, 1993
© Youssef Nabil