Le roi de l'évasion d'Alain Guiraudie, en salles   - Cinéma

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Le roi de l'évasion d'Alain Guiraudie, en salles

Surprenant, drôle, sensuel et fantaisiste, "Le roi de l'évasion" d'Alain Guiraudie, qui sort mercredi en salles après avoir été sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, relate les improbables amours entre une adolescente et un homosexuel bien en chair.

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Le roi de l'évasion d'Alain Guiraudie, en salles
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Mis en ligne le 10/07/2009

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Vendeur de matériel agricole dans le Tarn, Armand (Ludovic Berthillot, excellent) sillonne les fermes à la rencontre d'agriculteurs à qui il vend des tracteurs dernier cri, discutant rendement à l'hectare et paiement à crédit.

Si on l'accuse parfois d'user de son charme auprès de vieux célibataires esseulés c'est qu'Armand, cycliste émérite dont le physique de gorille masque mal une douceur infinie, n'a jamais caché son homosexualité épanouie.

Mais à la quarantaine bien tassée, le voilà tenaillé par le désir de troquer la liberté et les conquêtes faciles pour une vie tranquille, voire une famille. C'est alors que Curly, une adolescente délurée - la jeune Hafsia Herzi, César du meilleur espoir féminin 2008 pour "La Graine et le mulet", au jeu intense - s'amourache de lui tout en sachant "qu'il est pédé", après qu'il l'a sauvée d'une bande de voyous.

Bientôt poursuivis par la police ameutée par le père de la lycéenne, Armand et Curly partent en cavale à travers champs, pour vivre cet amour hors normes.

Une histoire originale, des dialogues savoureux d'une crudité souvent hilarante et une foule d'acteurs amateurs aux gueules inoubliables font de ce "Roi de l'évasion" l'une des sorties les plus intéressantes de l'été.

Le film dresse aussi une cartographie inattendue des lieux, plus ou moins clandestins, de drague homosexuelle à la campagne, tels ce bord de route en pleine forêt où se retrouvent cadres, ouvriers ou paysans de tous âges.


Et les barrières avec lesquelles la police prétend condamner le lieu sont l'une des mille vexations, souvent verbales envers les "pédales", découlant d'une homophobie ordinaire que Guiraudie (photo) dénonce en passant, sur le mode de l'humour.

"La répression est douce mais réelle", estime le réalisateur.

"Longtemps, j'ai considéré que l'homosexualité ne me déterminait pas en tant que cinéaste. J'ai montré une homosexualité qui ne posait aucun problème, mais c'était une forme de déni. En fait socialement, ça reste un problème", dit-il.

Picaresque et fantaisiste, "Le Roi de l'évasion" met en scène un groupe d'amis qui pimentent leurs ébats érotiques en croquant des "dourougnes", des racines aux effets aphrodisiaques, qu'un agriculteur fait pousser discrètement.

Sous des dehors hétérosexuels, leurs amours sont plurielles.

"Ca drague à la campagne ! C'est un monde discret, un monde d'hommes qui aiment les hommes sans forcément se sentir appartenir à la communauté homosexuelle", affirme Guiraudie qui signe là son troisième long métrage.

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