Ander est agriculteur dans la rude vallée d'Arratia, en Biscaye, au Pays basque espagnol. Vieux garçon, il vit avec sa mère. Plutôt taiseux l'un et l'autre, ils échangent, en basque, de courtes phrases sur leur pauvre quotidien sans jamais aborder l'essentiel.

Pourtant, "Ander" est un film gay qui traite de façon assez abrupte de l'amour et du désir entre deux hommes.

Tout bascule le jour où Ander (Josean Bengoetxea) se casse la jambe. Il a besoin d'un berger pour son troupeau et un voisin lui adresse José, un immigré péruvien plus jeune que lui (Christrian Esquivel, vu en assassin du Che dans le dernier film de Steven Soderbergh).

La passion entre ces deux là se noue bientôt en silence. Chez Ander se mêlent le refus et l'envie de céder, chez José l'élan naturel vers la figure d'un père et la peur d'être rejeté. Rien de simple donc.

La mère d'Ander (Pilar Rodriguez), hostile d'emblée à ce "peon" latino qui ne parle que le castillan, s'inquiète vite de ce qu'elle pressent.

Mais elle est bientôt emportée par la maladie de coeur qui la minait depuis son veuvage. Sa mort sera le coup de dé qui va chambouler ce coin de Biscaye, toujours entre brume et soleil, entre ombre et lumière.

Car d'autres, dans l'entourage d'Ander et José, souffrent depuis longtemps de la loi du silence que les sociétés rurales imposent à ceux qui sont différents. Reme par exemple qui espère sans y croire le retour de l'homme de sa vie, parti en Argentine. En attendant, elle comble le vide en laissant les paysans du voisinage, pas toujours à jeun, l'approcher aussi souvent qu'elle a besoin d'argent.

Ou encore le vieux Evaristo, secrètement amoureux de la mère d'Ander depuis que celle-ci a épousé son copain d'enfance. Il s'était juré de la reconquérir un jour.

Ces souffrances tues, ces peines avalées viennent ajouter leur lot de douleur humaine à l'impossible amour d'Ander et de José. Car on ne pacse pas dans les montagnes du vieux pays basque.

Pourtant contre toute attente, en quelques phrases qui tiennent lieu d'heureux dénouement, de gay happy end, Ander reconnaît José comme son compagnon et recueille Reme et son fils de 7 ans sous son toit. Non sans avoir auparavant autorisé Evaristo, qu'il méprisait jusque-là, à fleurir chaque semaine la tombe de sa mère.

La morale est heureuse et plus proche de l'utopie hippie que des communiqués de l'ETA: l'amour rend libre tous ceux qui le reconnaissent quand il passe.

Réalisé par Roberto Caston, directeur du festival de cinéma gay de Bilbao, "Ander" a été monté à l'initiative du BERDINDU, bureau Basque d'Attention aux Gays, Lesbiennes, Bisexuels, Transsexuels et Intersexuels. Plus de cinquante habitants de la vallée d'Arratia y ont participé comme figurants et le film a été tourné avec l'appui de la mairie locale.

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Ander Bande Annonce du film
envoyé par LE-PETIT-BULLETIN. - Court métrage, documentaire et bande annonce.