
Serbie
Un film sur la Gay Pride fait un carton dans les Balkans
"Parada", le film d'un réalisateur serbe, une histoire burlesque racontant l'ambition d'un couple d'homosexuels d'organiser une Gay Pride fait un carton dans les Balkans, où les manifestations LGBT sont régulièrement attaquées par des groupes extrémistes.
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Un film sur la Gay Pride fait un carton dans les Balkans
Serbie
Mis en ligne le 16/02/2012
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Le film du réalisateur Srdjan Dragojevic, qui a fait sa sortie internationale à la Berlinale cette semaine, domine paradoxalement le box-office balkanique avec 500.000 entrées notamment en Serbie, mais aussi en Bosnie, en Croatie, en Slovénie et en Macédoine, explique le réalisateur.
"Ces chiffres sont définitivement un signe positif dans cette région qui est probablement la plus homophobe en Europe", dit Srdjan Dragojevic.
Lorsqu'il a commencé à travailler sur le film, des groupes radicaux avaient appelé au boycott et à plusieurs reprises, il a retrouvé sa voiture avec le pare-brise cassé.
Le film a le mérite d'avoir ouvert un débat sur la question des droits des homosexuels au sein de la société serbe, se félicite Lazar Pavlovic, un responsable d'une Association gay locale (Alliance Gay Straight).
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"Généralement, les gens ne savent presque rien sur la communauté homosexuelle, nos vies, les problèmes que nous avons", dit Lazar Pavlovic. "Ces derniers mois on peut entendre les gens parler du film dans la rue, dans le bus ou dans des magasins", se réjouit-il.
La première Gay Pride à Belgrade, en 2001, avait été marquée de heurts violents. Il a fallu attendre 2010 pour organiser le deuxième défilé, entouré d'un très important dispositifs policier. Néanmoins, plus de 150 personnes ont été blessées dans les violences.
En 2011, la parade a été interdite par la police pour des raisons sécuritaires.
Présenté à la Berlinale dans le cadre d'une section consacrée au film d'auteur, "Parada" raconte l'histoire d'un couple d'homosexuels, Mirko et Radmilo, qui se démènent pour organiser une Gay Pride à Belgrade.
Ils embauchent un vétéran pour assurer la sécurité de la manifestation. Ce dernier fait appel à des ex-ennemis ayant combattu dans les guerres qui ont ravagé l'ex-Yougoslavie dans les années 1990: un Croate, un Musulman de Bosnie et un Albanais du Kosovo.
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Le film bascule ensuite en une comédie burlesque s'appuyant sur des préjugés et des stéréotypes, dont un gay qui conduit une voiture rose et lève son petit doigt lorsqu'il boit son cognac.
Le long métrage a inspiré des critiques favorables dans la presse locale. Le quotidien Blic a loué "son humour incontrôlé, son langage de rue haut en couleur et la mise à profit des stéréotypes".
Malgré un style provocateur, le film ne fuit pas la brutalité quotidienne et un des protagonistes est tué à la fin.
"Une fin tragique dresse un portrait réel de la vie difficile des gay en Serbie", dit Pavlovic. "Pour moi et d'autres homosexuels, cela n'a pas été choquant, mais je suis sûr que ça incitera à la réflexion, en Serbie et dans la région", ajoute-t-il.
Le réalisateur explique avoir fait le film pour éduquer le public, mais admet toutefois qu'il ne cherchait pas forcément à briser les tabous.
"Le film énonce une vérité simple: les homosexuels sont comme tous les autres et les spectateurs comprennent ça", dit-il.
Toutefois, Dragojevic s'est attiré les foudres de la presse lorsqu'il avait organisé une projection pour des professeurs en leur demandant de conseiller à des lycéens d'aller le voir.
Les médias l'ont aussitôt accusé de vouloir les "endoctriner" et le projet a été abandonné.
(Source AFP)