Une fiction coup de poing pour raconter le racisme entre communautés - <I>Rengaine</I>

Rengaine

Une fiction coup de poing pour raconter le racisme entre communautés

Dans "Rengaine" de Rachid Djaïdani (photo), il y a la Maghrébine qui veut épouser un Noir, l'un de ses 40 frères qui refuse cette union avec un "négro" tout en aimant en douce une Juive: une fiction survitaminée et maîtrisée, née de neuf ans de travail sur le racisme inter-communautaire et dont l'homosexualité n'est pas absente.

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Une fiction coup de poing pour raconter le racisme entre communautés
Rengaine

Mis en ligne le 23/05/2012

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Cannes Rengaine Racisme Communautés

Ce premier long-métrage, autoproduit et résultat de sept ans d'images tournées à Paris, plus deux ans de montage, a reçu un accueil chaleureux lundi soir à l'issue de sa présentation dans la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes.

Un film "à l'énergie complètement urbaine", estime le scénariste-réalisateur également écrivain de 38 ans, qui fut assistant-régie sur "La Haine" de Mathieu Kassovitz, avec des scènes d'une intensité rare, dont une séance d'entraînement de boxe à couper le souffle.

"J'entends ta musique intérieure", glisse l'entraîneur qui harangue son boxeur et lui enseigne la danse des coups.

Derrière une image volontairement instable, saisie à l'épaule au plus près des plaies relationnelles, la caméra semble chercher qui est le plus raciste de tous: Slimane (joué par Slimane Dazi), Maghrébin musulman et frère aîné de Sabrina (Sabrina Hamida), qui ne veut pas de Dorcy (Stéphane Soo Mongo), un apprenti-acteur "renoi" chrétien dans sa famille, tout en aimant clandestinement une chanteuse juive.

La mère de Dorcy, gentille coiffeuse, veut pour son fils une "vraie Africaine", pas "une blanche d'Algérie".

Ou un autre des 40 frères de Slimane, dont le meilleur pote est noir mais qui lui non plus ne veut pas d'un "négro" dans la famille. "Mais toi, c'est pas pareil", glisse-t-il à son ami excédé avant de lui confirmer qu'il l'aime comme un frère mais que sa propre soeur lui est interdite.

Intolérant, Slimane l'est encore avec son frère aîné homosexuel qu'il a renié et qu'il appelle "sa soeur".

"C'est moi qui n'ai eu que des soeurs: quand on me tabassait en me traitant de sale pédé, où étaient mes frères? Je n'avais que des soeurs", lui renvoie en pleine figure cet aîné adepte de la tolérance en raison de ses choix de vie.

C'est moins la plongée sociale dans le racisme entre communautés qui séduit que le tranchant des dialogues, l'envie infinie de bouffer la vie et l'énergie qui se dégagent du film. L'humour est là aussi avec une réalisatrice, blanche et complètement "azimutée", qui met à l'épreuve les rêves d'acteur de Dorcy en le giflant, pinçant, pour les besoins du Septième art.

Et puis, une fausse piste du scénario, imparable et bouleversante, qui glace le spectateur d'effroi, garantit que le film restera longtemps en mémoire.

"On est là, on existe, c'est du bon, c'est du lourd, c'est du vrai", a résumé Rachid Djaïdani, visiblement ému de présenter à Cannes "son bébé" si longtemps couvé.

(Source AFP)

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