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Le Minitel s'éteint définitivement

Outil révolutionnaire et précurseur - notamment des rencontres sexuelles à distance - le Minitel va définitivement rendre l'âme le 30 juin. Internet a tué cette création du génie français.

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Le Minitel s'éteint définitivement
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Mis en ligne le 28/06/2012

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Petit terminal cubique de l'ère pré-internet familier de millions de Français, le célèbre Minitel, qui s'ouvrait d'un tour de main sur un écran et un clavier permettant d'accéder au vidéotexte, va mourir de sa belle mort le 30 juin, 30 ans après son lancement commercial.

Avec l'explosion des usages du web, accessible aujourd'hui sur les mobiles, les services de consultation qui a permis à toute une génération de gays d'accéder aux messageries "roses" - les célèbres et mythiques 36 15 GAY, BOY ou NIC - vont définitivement s'arrêter.

Fin 2011, il ne restait plus que 600.000 à 700.000 terminaux en circulation, selon les chiffres de France Télécom, loin des neuf millions encore présents dans les foyers et les entreprises hexagonales il y a encore dix ans.

L'aventure du Minitel a commencé dans les années 70 dans les laboratoires de France Télécom, qui mettent en place à l'époque une nouvelle norme réseau de vidéotexte, au moment où le gouvernement décide la mise en place d'une expérimentation sur l'annuaire électronique.

Le rôle des pouvoirs publics a été primordial dans son succès: l'Etat a soutenu le projet dans les premières années en distribuant gratuitement les terminaux, permettant un déploiement en masse suffisant pour lancer le marché alors inédit des services télématiques.

Au total, l'investissement public atteint quelque 17 milliards de francs entre 1984 et 1995, le temps que se crée un écosystème de fournisseurs de contenus qui viendront ajouter une multitude de services, messageries, bases de données ou jeux, à l'annuaire, première utilisation du Minitel.

Un lent déclin depuis dix ans

La rentabilité sera atteinte au début des années 1990. A son apogée, en 1996, le Minitel recensait plus de 10.000 fournisseurs de contenus pour 26.000 services actifs.

Son chiffre d'affaires culmine à la même époque avec un milliard d'euros de revenus, mais il n'a cessé de décliner depuis. Il est tombé en 2010 à seulement 30 millions d'euros, sur lesquels France Télécom "reverse 85% aux éditeurs", souligne l'opérateur historique.

Beaucoup d'entreprises ont aussi quitté le navire: il n'est plus possible depuis longtemps d'acheter un billet Air France ou SNCF sur le Minitel, ni de consulter les résultats du baccalauréat.

Et l'arrivée d'Internet a suscité la naissance de quantité de "chat" et réseaux de rencontres gay qui ont capté la clientèle des anciens services de rencontre par minitel.

Le déclin du Minitel face à Internet s'est fait de manière très progressive, explique-t-on chez France Télécom.

L'arrêt définitif du système n'est d'ailleurs pas uniquement dû à la désaffection du grand public pour le terminal mais correspond aussi à des impératifs techniques liés à l'arrêt du réseau X25 (Transpac) supportant le système du Minitel et qui est arrivé en phase "d'obsolescence", souligne-t-on.

Chez France Télécom, on reste reste fier de ce qui fut un "fleuron" français, et on n'a qu'un seul regret, ne pas avoir eu la capacité à rendre le modèle international, même si le Minitel a influencé certaines technologies utilisées aujourd'hui.

(Avec AFP)

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