Indignation après la Une de Minute contre Taubira - Racisme

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Indignation après la Une de Minute contre Taubira

L'hebdomadaire d'extrême droite Minute a publié une Une insultante et raciste contre Christiane Taubira mardi, déclenchant une vague d'indignation dans la presse, les partis politiques et les réseaux sociaux.

E-llico.com / Actus

Indignation après la Une de Minute contre Taubira
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Mis en ligne le 12/11/2013

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Racisme Taubira Manif pour tous Minute

"Maligne comme un singe, Taubira retrouve la banane": l'hebdomadaire d'extrême droite Minute a suscité mardi l'indignation générale et la décision de Jean-Marc Ayrault de saisir la justice, en surfant, à la Une, sur les insultes racistes qui ont visé récemment la garde des Sceaux.

Ce gros titre figure, sur une photo de la ministre de la Justice, en couverture du journal, qui file la métaphore simiesque dans ses pages intérieures: "Ce n'est pas à un vieux singe qu'on apprend à faire la grimace".

L'hebdomadaire, à paraître mercredi, n'était plus disponible en ligne mardi après-midi, en raison, selon Minute, d'un "piratage". Cela n'a pas empêché l'indignation de monter dans la classe politique.

Sur Twitter, le premier secrétaire du Parti socialiste Harlem Désir a dénoncé "l'ignoble Une de Minute", tandis que la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine critiquait des "propos honteux et nauséabonds". Dans les couloirs de l'Assemblée nationale, droite et gauche ont condamné de concert ce brûlot: le chef de file des députés PS Bruno Le Roux a appelé la société à faire "un rempart contre ces extrémismes" et le député UMP Eric Ciotti a dénoncé "une dérive".

Quant aux anonymes, ils étaient nombreux sur la toile à réclamer "un procès" contre l'hebdomadaire, tâclant une "couverture abjecte", "à vomir", "honteuse", "du papier toilette"... Mais la chancellerie, interrogée par l'AFP, a exclu d'engager des poursuites. Or, seule Christiane Taubira est habilitée à agir pour bloquer la parution du journal. "Vu la nature extrêmement personnelle de l'atteinte subie, Christiane Taubira serait la seule habilitée à agir en urgence devant le juge des référés pour obtenir les mesures de réparation appropriées", a expliqué à l'AFP Laurent Merlet, avocat spécialiste en droit de la presse.

Plainte de SOS Racisme

Minute pourrait toutefois avoir à répondre sur le fond. Qualifiant cette Une d'"absolument intolérable et abjecte", SOS racisme a annoncé son intention de porter plainte contre le journal d'extrême droite pour incitation à la haine raciale.

"Scandalisée", l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) a pour sa part demandé "au procureur de la République de Paris d'engager des poursuites pour provocation à la haine raciale".

"Si des associations veulent le monter en sauce, c'est leur problème", a réagi la porte-parole de Minute, Hélène Valette. Nous trouvons que c'est indécent, il y a plein d'autres problèmes dans ce pays."

"Nous assumons cette Une, c'est satirique, personne ne s'offusque des Unes de Charlie Hebdo", a-t-elle ajouté. Sur le même mode, l'article consacré à Christiane Taubira qualifie de "non événement" les précédentes attaques contre la ministre guyannaise.

A la mi-octobre, elle a été comparée à un singe sur la page Facebook d'une candidate du Front national aux municipales, écartée depuis par le parti d'extrême droite, puis insultée par des enfants aux mots de "la guenon mange ta banane" en marge d'une manifestation contre le mariage homosexuel.

Lors d'une manifestation de catholiques intégristes, un abbé avait aussi lancé "Ya bon Banania, Ya pas bon Taubira". La phrase "Allo Taubira T'as la banane ?" a également été taguée sur un local du PS en Saône-et-Loire.

La garde des Sceaux avait dénoncé la semaine dernière une "attaque au coeur de la République" mais avait exclu tout dépôt de plainte. Elle avait aussi déploré des réactions "pas à la mesure", provoquant en retour une vague de soutiens dans la classe politique et au sommet de l'Etat.

Créé en 1962, Minute a soutenu le Front national dans les années 70. Mais le FN a récemment pris ses distances, en particulier depuis janvier, quand le journal avait fait sa couverture sur un supposé lobby gay dans le parti. Marine Le Pen avait alors qualifié le journal de "torchon" et le vice-président du FN, Florian Philippot, avait évoqué un "degré zéro de la politique".

(Source AFP)

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