Les Cent Vingt Journées de Sodome
Le manuscrit de Sade de retour en France
Le sulfureux manuscrit écrit par Sade à la Bastille en 1785, caché, volé, et racheté 7 millions d'euros, revient à Paris, l'année du bicentenaire de la mort de l'auteur.
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Le manuscrit de Sade de retour en France
Les Cent Vingt Journées de Sodome
Mis en ligne le 03/04/2014
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"Les Cent Vingt Journées de Sodome", le plus extrême des écrits du célèbre marquis de Sade, dont on célèbre le bicentenaire de la mort, dressent un inventaire effrayant de perversions sexuelles et de tortures infligées par quatre psychopathes.
Rapatriée enfin en France en mains privées après une destinée digne d'un roman-feuilleton, cette oeuvre du Divin Marquis écrite en 1785, qualifiée d'"Evangile du Mal" par l'écrivain Jean Paulhan, n'épargne rien au lecteur: viols, pédophilie, coprophagie, inceste, tortures, mutilations, meurtres....
Donatien Alphonse François de Sade, né le 2 juin 1740 et mort le 2 décembre 1814 à l'asile de Charenton, a été emprisonné pendant 27 ans par tous les régimes politiques. Ces années d'incarcération ont transformé le libertin en écrivain révolté.
Dans son introduction des "120 Journées", Sade lui-même avertit: "C'est maintenant, ami lecteur, qu'il faut disposer ton coeur et ton esprit au récit le plus impur qui ait jamais été fait depuis que le monde existe".
Dans le livre, nous sommes à la fin du règne de Louis XIV. Quatre hommes âgés de 45 à 60 ans, dont la fortune immense "est le produit du meurtre et de la concussion", écrit Sade, le duc de Blangis, l'évêque son frère, le président de Curval et le financier Durcet, s'enferment pour une orgie dans un château de la Forêt-Noire, avec 42 victimes soumises à leur pouvoir absolu: leurs jeunes épouses (chacun a épousé la fille de l'autre), un sérail de jeunes gens arrachés à leurs parents, des servantes, des proxénètes...
D'un 1er novembre à un 28 février, Sade fait le récit de 600 perversions des maîtres du château. Au fil d'un crescendo d'insoutenables horreurs, trente victimes périront dans d'épouvantables souffrances. "Ce n'est pas ma façon de penser qui a fait mon malheur, mais celle des autres", disait-il.
Les oeuvres de Sade ont été sorties de la clandestinité par Jean-Jacques Pauvert qui triompha de la censure en 1957 par un procès en appel.
Le divin marquis est depuis 1990 entré dans la prestigieuse Pléiade (Gallimard). Au cinéma, Pier Paolo Pasolini a adapté Sade en 1976. Le réalisateur italien sera assassiné quelques mois avant la sortie de "Salo ou les 120 Journées de Sodome".
Le bicentenaire de la mort du marquis sera dignement célébré cette année, notamment, du 11 au 13 avril, au Salon du livre ancien et de l'estampe, en septembre à l'Institut des Lettres et Manuscrits et à partir d'octobre au Musée d'Orsay.
(Source AFP)