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Transparent, un pas de plus vers la normalisation de l'image des transgenres
La nouvelle série TV d'Amazon, "Transparent", devrait contribuer à normaliser l'image des transgenres en Amérique en mettant en scène un père de famille qui change d'identité sexuelle.
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Transparent, un pas de plus vers la normalisation de l'image des transgenres
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Mis en ligne le 25/09/2014
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"En termes d'évolution des discours, de tels programmes télé peuvent avoir un impact plus fort que le travail militant", estime Jay Brown, directeur stratégique pour l'association Human Rights Campaign, qui défend les droits des homosexuels, lesbiennes, bisexuels et transsexuels.
"Transparent", réalisé par Jill Soloway, avec Jeffrey Tambor dans le rôle principal (photo), "participe à une augmentation de la visibilité des transsexuels à l'écran et à un changement culturel", renchérit Larry Gross, professeur de journalisme à l'Université USC et auteur d'un livre sur le sujet.
"Il reste à voir si la série aura du succès, et surtout, si elle va influencer la façon dont les hétérosexuels réagissent quand un parent annonce qu'il va changer de sexe", nuance-t-il.
Ce n'est pas la première fois que des personnages transgenres ou transsexuels sont le sujet d'un film, à l'instar de "Boys Don't Cry", qui avait valu à Hilary Swank l'Oscar de la meilleure actrice en 2000, ou de "Normal" (2003), film télévisé avec Tom Wilkinson et Jessica Lange, entre autres.
Mais ces sujets restent encore relativement rares avec des personnages souvent dépeints comme des victimes ou des marginaux.
La première saison de "Transparent", qui sera disponible vendredi sur le magasin en ligne Amazon, semble à l'inverse décrire "de manière vraisemblable la vie d'un père transsexuel, et d'une façon sensible", juge Kim Hutton, présidente d'une association pour parents d'enfants transgenres qui porte le même nom que la série.
Comme le souligne Jay Brown, lui-même transgenre et père de famille, "nous sommes des frères, des soeurs, des avocats, des médecins, nous faisons partie de tous les aspects de la vie alors que les médias ne montrent habituellement de nous que notre transition" vers l'autre genre. "Quand je me lève le matin, je ne pense pas à mon identité sexuelle, je pense au petit-déjeuner de mes enfants et à les amener à l'école", ironise-t-il.
Changement de perception
Avant "Transparent", d'autres séries télévisées ont eu un impact sur la façon dont est perçue cette communauté, notamment "Modern Family", qui met en scène un couple de jeunes parents homosexuels.
Selon Kim Hutton, la série musicale "Glee", qui comprend un personnage d'adolescent transsexuel membre d'une bande de lycéens, est probablement "la chose la plus importante qui soit survenue à la télévision" pour les jeunes transgenres.
"Orange Is The New Black", où l'actrice transsexuelle Laverne Cox, nommée aux derniers Emmy Awards, tient l'un des principaux rôles, est universellement citée comme déterminante pour le changement d'image des LGBT.
"L'un des changements récents dans l'acceptation et la visibilité des minorités, c'est que leurs membres parviennent à jouer des rôles qui reflètent leurs vies", fait valoir Larry Gross. "Il y a une longue tradition d'hommes hétérosexuels qui interprètent des homosexuels et voient leurs performances applaudies. On aurait pu espérer que ce soit un acteur gay qui joue (l'activiste) Harvey Milk, mais c'est Sean Penn qui a eu le rôle, et il a reçu un Oscar", argumente-t-il ("Harvey Milk", 2008).
En revanche, "il y a tous les jours des acteurs gays qui jouent des hétérosexuels, mais ils ne peuvent pas se déclarer ouvertement homosexuels car leurs agents leurs disent que s'ils le font, ils n'obtiendront plus de rôles importants de jeunes premiers ou dans des films d'action", poursuit Larry Gross.
Jay Brown dit attendre avec impatience le jour où être transsexuel(le) deviendra "la chose la moins intéressante sur un personnage".
Des paroles qui font écho à une récente couverture du New York Magazine représentant Martine Rothblatt, directrice générale du groupe pharmaceutique United Therapeutics, avec pour sous-titre : "Magnat de la pharmacie, entrepreneure en satellites, philosophe. Martine Rothblatt, dirigeante la mieux payée d'Amérique, est née homme. Mais c'est loin d'être ce qui la définit."
(Source AFP)