Bob Wilson propose <I>Les Nègres</I> de Jean Genet en version music-hall - Théâtre

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Bob Wilson propose Les Nègres de Jean Genet en version music-hall

L'Américain Bob Wilson met en scène "Les Nègres" au Théâtre de l'Odéon à Paris dans une version "music-hall" ponctuée de jazz qui offre un brillant spectacle visuel, sans rendre justice au texte baroque de Jean Genet.

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Bob Wilson propose Les Nègres de Jean Genet en version music-hall
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Mis en ligne le 05/10/2014

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Bob Wilson Les Nègres Jean Genet

"Le livret visuel est aussi important que le texte qu'on entend", a-t-il expliqué à l'AFP quelques jours avant la première, vendredi soir. "Quand je commence un travail, je fais d'abord une mise en scène silencieuse, et ensuite j'ajoute la musique, les sons, le texte", explique-t-il.

Bob Wilson, 72 ans, a bouleversé la scène théâtrale depuis les années 70 en inventant ce langage unique, où les images, la lumière, les mouvements et le son priment sur le texte. Une guirlande aux lumières orange fait des circonvolutions sur la scène, des palmiers de néon installent une sorte de music-hall tropical ponctué par les stridences d'un saxophone (musique de Dickie Landry).

Sur scène, les personnages rappellent furieusement l'Amérique des années 50, femmes en robes-fourreau lamées, hommes en costumes rutilants qui se déhanchent et parfois chantent le blues.

En hauteur, perchée sur un échafaudage trône "la Cour" (Reine, Gouverneur, Missionnaire, Juge), qui assiste à la mise en place par des Nègres d'un spectacle axé sur le viol et le meurtre d'une Blanche. Sauf que les Blancs de la Cour sont en fait des Noirs masqués, que la représentation du meurtre est jouée au second degré, dans un dispositif à multiples fonds.

Des histoires parallèles s'entremêlent, comme celle de Village et Vertu, deux Noirs dont le désir est d'échapper à la représentation et au regard des autres pour s'aimer autrement.

"Les Nègres" (créé en 1959) est selon Genet "une pièce écrite par un Blanc et destinée à un public de Blancs". C'est aussi selon lui "une clownerie", un théâtre dans le théâtre destiné à montrer que le nègre n'est rien d'autre qu'un Noir vu dans le prisme avilissant du Blanc.

Ainsi, les stéréotypes véhiculés par les Blancs sur les Noirs sont égrenés dans la pièce ("on nous l'a dit, nous sommes de grands enfants" ou encore "il fait noir comme dans le derrière d'un Nègre, oh pardon, d'un Noir"....). Aux clichés introduits par Jean Genet pour moquer les Blancs, Bob Wilson rajoute hélas les siens, sans qu'on soit sûr qu'il s'agisse de second degré: par exemple l'image des noirs formidables danseurs et musiciens... La parole absurde, poétique, mordante et politique de Genet passe mal, noyée dans la mise en scène clinquante. Le texte, fortement coupé, perd sa saveur.

Pour Genet, "l'expression théâtrale n'est pas un discours. Elle ne s'adresse pas aux facultés rationnelles de l'homme", mais est un "acte poétique". Bob Wilson avait enchanté la scène parisienne l'an dernier avec une comédie musicale, "Peter Pan" et une pièce, "The Old Woman", écrite par le Russe Daniil Harms, victime des persécutions staliniennes, magnifiquement servie par le danseur Mikhail Baryshnikov et l'acteur Willem Dafoe. Le duo réussissait un numéro d'une poésie folle.

Dans "Les Nègres", la poésie transparait trop rarement, comme dans le couple formé des deux amoureux Village et Vertu. Le spectateur, passé la surprise visuelle du début, se lasse de ce music-hall tapageur. Bob Wilson est un enfant chéri du Festival d'Automne à Paris, qui l'invite régulièrement et lui avait consacré l'an dernier un "portrait" en plusieurs pièces et expositions au Louvre.

(Source AFP)

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