Le groupe, dirigé par Alain Weill (à gauche sur la photo), est entré en négociations exclusives avec le fondateur de la chaîne, Pascal Houzelot, qui cèdera l'intégralité de ses parts pour 48,3 millions en cash et 40 millions en obligations convertibles en actions (environ 5,40% du capital de NextradioTV).

En revendant la chaîne Numéro 23 à NextradioTV, Pascal Houzelot réalise une très belle opération financière.

Selon le projet, dévoilé jeudi soir par NextradioTV, Pascal Houzelot (à droite sur la photo) restera patron de la chaîne, deviendra actionnaire et entrera au conseil d'administration de l'acquéreur.

Les équipes de Numéro 23 et de RMC Découverte vont fusionner, sans qu'il y ait de suppression d'emplois, a promis Alain Weill. Selon lui, cette collaboration permettra à RMC Découverte "d'atteindre l'équilibre financier dès 2015, soit un an avant la date prévue initialement", et produira des synergies à hauteur d'environ 10 millions d'euros en 2016.

Numéro 23 est l'une des rares chaînes de la TNT à ne pas être adossées à un grand groupe, alors que les chaines gratuites se disputent un marché publicitaire en recul. L'acquisition de Numéro 23, qui fait partie des six chaînes lancée sur la TNT fin 2012, est une manière de "passer à la vitesse supérieure" dans la télévision, a précisé à l'AFP le patron du groupe, Alain Weill.

NextradioTV, présent aussi dans la radio et le digital, a en effet plus que doublé son résultat net à 16,8 millions d'euros en 2014 grâce à son pôle télévision, sa chaîne-phare, BFMTV, enregistrant un record d'audience et RMC Découverte limitant ses pertes. Le groupe possède aussi une troisième chaîne de TNT gratuite diffusée uniquement en Ile-de-France, BFM Business TV.

Acteur indépendant de la TNT

Numéro 23 est une chaîne créée par Pascal Houzelot, également fondateur de la chaîne de divertissement gay Pink TV.

En 2012, il avait réussi à lever 5 millions d'euros auprès d'hommes d'affaires parmi les plus riches de France, tels Bernard Arnault ou Xavier Niel. Puis il avait fait entrer au capital, en janvier 2014, le groupe russe de télévision UTH qui avait pris 15% de la petite chaîne. Présentée comme une "chaîne généraliste qui met en avant la diversité de manière positive", Numéro 23 représente aujourd'hui 0,7% d'audience et 27 millions de téléspectateurs par mois.

"J'ai compris que ce serait difficile de se développer par soi-même", a indiqué à l'AFP Pascal Houzelot, évoquant la compétition sur le marché publicitaire et l'accès aux droits, "de plus en plus difficile quand on est indépendant".

Empêché par la loi française de faire entrer à plus de 20% de son capital un actionnaire non-européen, et ne souhaitant pas rejoindre l'un des trois grands groupes qui dominent la TNT - Canal+, TF1 et M6 - Pascal Houzelot a finalement décidé d'intégrer le groupe NextRadioTV. "J'aurais pu adosser ma chaîne à un grand groupe industriel, mais c'est vraiment le contraire que j'ai décidé", a-t-il estimé. "Ce n'est pas une opération financière, mais une opération industrielle et entrepreneuriale".

Les deux patrons se sont rapprochés dans le cadre de l'"Association des chaînes indépendantes", un groupe constitué en février 2014 pour faire face aux poids lourds de l'audiovisuel. Présentée par les deux parties comme une manière de constituer le "premier acteur indépendant de télévision gratuite", la transaction reste soumise à des procédures d'information et de consultation des instances représentatives du personnel de NextradioTV, ainsi qu'à l'autorisation de son assemblée générale. Le blanc-seing du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) est aussi indispensable.

Alain Weill s'est dit "confiant" à ce sujet, "puisque nous ne souhaitons pas toucher aux fondamentaux de la chaîne, au contraire". La ligne de Numéro 23 "ne changera pas drastiquement", a-t-il assuré. On peut toutefois difficilement imagniner qu'une fois rachetée par le groupe NextRadioTV ne changera pas de ligne éditoriale pour devenir un canal plus populaire et plus rentable.

(Avec AFP)