Cinéma
La Belle Saison : histoire d'amour lesbienne dans les années 70
Une histoire d'amour lumineuse dans la France de 1971 entre deux femmes engagées, incarnées par Cécile de France et Izïa Higelin: avec "La Belle Saison", en salles mercredi, Catherine Corsini revisite l'énergie féministe des années 70, pour mieux parler de la société d'aujourd'hui.
E-llico.com / Culture / Médias
La Belle Saison : histoire d'amour lesbienne dans les années 70
Cinéma
Mis en ligne le 14/08/2015
Tags
Delphine (Izïa Higelin), fille de fermiers qui a du mal à assumer son homosexualité, décide d'aller à Paris pour gagner son indépendance. Elle rencontre Carole (Cécile de France), militante active des débuts du féminisme, en couple avec Manuel. Alors qu'elles vivent l'exaltation d'une période libre, pleine d'audace, va naître entre elles une passion qui les met face à des choix difficiles.
Brouhaha des réunions politiques dans les amphithéâtres, courses-poursuites dans les rues de Paris pour mettre la main aux fesses des hommes, lancer de mou de veau sur un professeur de médecine ennemi de l'IVG...: le film décrit cette époque impertinente et jubilatoire en mêlant le politique et l'intime, les actions de ces filles iconoclastes prêtes à tout et le récit de la passion entre Delphine et Carole, dont la réalisatrice de "La Nouvelle Eve" a voulu faire sa "grande histoire d'amour".
"Cela faisait longtemps que je me disais: pourquoi il n'y a pas une grande histoire d'amour avec deux femmes comme +Le Secret de Brokeback Mountain+?" d'Ang Lee sur la passion secrète entre deux cowboys, a indiqué à l'AFP Catherine Corsini, 59 ans, qui avait déjà abordé l'homosexualité dans "Les Amoureux" ou "La Répétition".
"Je trouvais que malgré le film de Kechiche (+La Vie d'Adèle+, NDLR), il manquait encore plein d'autres films sur le sujet", a-t-elle ajouté.
La cinéaste dit avoir "essayé de faire un film contemporain" au départ, avant de décider de "raconter d'où vient la lutte des femmes aujourd'hui".
"J'ai eu envie de mêler Paris, ce mouvement, la campagne et de raconter aussi un peu mes années, même si j'étais un peu jeune à l'époque, mais aussi l'histoire de mes soeurs aînées", dit-elle.
Vitalité
Pour faire revivre les premiers temps du Mouvement de libération des femmes (MLF), la réalisatrice s'est beaucoup documentée, partant notamment de la figure de Carole Roussopoulos, première vidéaste à avoir filmé les luttes des femmes et amie de l'actrice Delphine Seyrig. Elle a également rencontré plusieurs féministes et réuni un matériau écrit et filmé, dont elle s'est inspirée pour ses personnages.
Pour incarner Carole, généreuse et sans tabous, Catherine Corsini a pensé très tôt à Cécile de France, qui a hésité un temps car elle avait déjà interprété plusieurs femmes homosexuelles, de "L'Auberge Espagnole" à "Soeur Sourire".
"J'ai eu peur que ce soit un film de trop", a confié l'actrice de 40 ans à l'AFP. "Et puis après j'ai complètement flashé sur le scénario, et ces questionnements sont partis en fumée".
Izïa Higelin, César du meilleur espoir féminin en 2013 pour "Mauvaise fille", s'est imposée plus lentement, après le refus d'Adèle Haenel qui devait au départ interpréter Delphine. "Elle a cette force incroyable d'être très entière, on a l'impression qu'elle joue sa vie", dit Catherine Corsini de l'actrice et chanteuse de 24 ans.
Ce film aux scènes d'amour et de nudité souvent sensuelles se construit en deux parties: l'aventure du mouvement féministe dans un Paris bouillonnant d'abord, puis le retour dans une campagne intemporelle baignée de lumière pour Carole et Delphine, auprès de la mère de cette dernière (Noémie Lvovsky).
Montrant leurs conflits intérieurs, "La Belle Saison" met à nu les contradictions des personnages, souvent moins libres dans leur vie privée que dans une lutte politique décrite comme joyeuse.
"Je voulais retrouver la vitalité de cette époque, où l'on s'amusait, on riait, on voulait en découdre", dit Catherine Corsini, soulignant que "beaucoup de choses se sont transformées" grâce à ces féministes.
Mais malgré des avancées, prévient-elle, "les mentalités n'ont pas suffisamment évolué".
(Source AFP)