Cinéma
The Danish girl, apogée d'une année exceptionnelle pour les transgenres
"The Danish Girl", sur la pionnière du mouvement transsexuel Lili Elbe, arrive sur les écrans américains en point d'orgue d'une année exceptionnelle pour les transgenres, qui n'ont jamais été aussi visibles médiatiquement.
E-llico.com / Culture / Médias
The Danish girl, apogée d'une année exceptionnelle pour les transgenres
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Mis en ligne le 24/11/2015
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"Cela frémissait depuis quelque temps, mais maintenant on assiste vraiment à une ébullition" du mouvement transsexuel, constate le spécialiste Larry Gross, professeur à l'université californienne USC.
Il y a quinze ans, "Boys Don't Cry", lauréat de deux Oscars, ouvrait la voie. "The Danish Girl", qui sort vendredi aux Etats-Unis, reçoit une telle attention qu'il était projeté lundi à la Maison Blanche dans le cadre d'une soirée pour honorer les "acteurs du changement" pour les gays, lesbiens, trans et bissexuels.
Dans ce long-métrage de Tom Hooper, oscarisé en 2011 pour "Le discours d'un roi", Eddie Redmayne incarne l'artiste danoise Lili Elbe, née Einar Wegener, et l'une des premières à avoir subi une périlleuse opération pour changer de sexe au début du XXe siècle.
L'actrice suédoise Alicia Vikander, qui a vécu cette année une ascension hollywoodienne fulgurante, incarne sa femme loyale envers et contre tout, la peintre Gerda Wegener.
"Il y a bientôt 100 ans qu'a eu lieu l'histoire de Lili et Gerda, et quand on voit ce à quoi Lili a dû faire face en termes de discriminations, il n'y a pas tant de changement, à part ces dernières années où on a assisté à une vraie révolution", constatait samedi à Los Angeles Eddie Redmayne.
Le romancier David Ebershoff, auteur de la biographie qui a inspiré le film, a expliqué à l'AFP qu'"il reste beaucoup à conquérir pour les transgenres (...) Ils sont victimes de l'ignorance, de préjugés, violences, discriminations, notamment dans l'accès aux soins...".
Point de basculement
Pour autant, l'auteur comme l'interprète du film de "The Danish Girl" saluent les avancées des dernières années. "J'ai lu pour la première fois le script (de "The Danish Girl") il y a trois ou quatre ans" et "c'est incroyable de voir tout ce qui a été accompli depuis", souligne Eddie Redmayne.
Le Britannique cite ainsi la comédienne transsexuelle Laverne Cox, qui a contribué au succès de la série "Orange Is the New Black": "quand elle est apparue sur la couverture de Time, ça a vraiment été un point de basculement". Il a aussi fait référence à Caitlyn Jenner, qui a remporté une médaille olympique sous le nom de Bruce Jenner en 1976 avant de devenir une icône transgenre avec sa transition très médiatique au printemps.
La popularité de la série "Transparent", sur un père de famille transsexuel, a également fait beaucoup pour banaliser l'image de cette communauté. "Tangerine", qui a triomphé au festival de Sundance et sort le 30 décembre en France, chronique pour sa part la vie de prostituées transexuelles à Los Angeles.
"Ces questions sont devenues des sujets grand public, ce qui est fantastique", se réjouit Eddie Redmayne. "Je n'aurais jamais imaginé quand j'ai commencé à travailler sur ce livre il y a dix-huit ans que 'The Danish Girl' ferait l'objet d'une projection à la Maison Blanche", renchérit David Ebershoff.
L'acteur de 33 ans aux yeux verts se retrouve pour la seconde année projeté dans une campagne pour les Oscars, après avoir gagné celui du meilleur acteur cette année pour le rôle de l'astrophysicien Stephen Hawking dans "Une merveilleuse histoire du temps". D'après le site de prédictions Goldderby.com, il est favori derrière Leonardo DiCaprio ("The Revenant") et Michael Fassbender ("Steve Jobs"). Alicia Vikander caracole aussi en tête des paris pour l'Oscar du second rôle.
Plus que l'apparence et les gestes de la féminité, "le plus compliqué a été de capter le voyage émotionnel" de Lili, dit Eddie Redmayne de sa performance. "Je pensais que je n'aurais jamais assez de chance pour jouer un autre personnage aussi formidable (qu'Hawking) et puis cette année j'ai interprété Lili. J'ai eu plus que mon lot de" rôles superbes, conclut-il. Larry Gross remarque toutefois que "The Danish Girl" devrait permettre de poser une fois encore une question clé: "Pourquoi ce ne sont pas les acteurs trans qui obtiennent ces rôles?".
(Source AFP)