Vers des recours en justice plus difficiles  - Sexe à l'écran

Sexe à l'écran

Vers des recours en justice plus difficiles

Après les victoires en justice d'une association proche des milieux catholiques traditionalistes contre "La Vie d'Adèle" ou "Love", les textes régissant l'interdiction des films aux moins de 18 ans vont être modifiés pour "conforter" la commission chargée d'établir les classifications.

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Mis en ligne le 01/03/2016

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"Aujourd'hui les avis de la commission de classification sont soumis (...) à des aléas compte tenu des recours, s'agissant notamment de films interdits aux moins de 12 ans et aux moins de 16 ans qui deviennent interdits aux moins de 18 ans. Or, les enjeux sont très importants pour ces films", a souligné lundi Audrey Azoulay (photo).  

La nouvelle ministre de la Culture, issue du monde du cinéma, va s'appuyer sur les préconisations faites par Jean-François Mary (photo), président de la commission de classification des oeuvres du Centre national du cinéma (CNC), dans un rapport qui lui avait été demandé par Fleur Pellerin après les multiples victoires en justice de l'association Promouvoir, proche des catholiques traditionalistes.

Le ministère entend notamment modifier un article du code du cinéma qui entraîne aujourd'hui une interdiction "automatique" d'un film aux mineurs lorsque celui-ci "comporte des scènes de sexe non simulées ou de très grande violence", même quand cette production n'est pas un film "classé X".  

Dans son rapport, Jean-François Mary propose une nouvelle rédaction de l'article en question: l'interdiction aux moins de 18 ans reposerait désormais sur la présence dans le film, "sans justification de caractère esthétique" de "scènes de sexe ou de grande violence" pouvant "troubler gravement la sensibilité des mineurs" ou "banaliser" la violence.   

Le critère de "non simulation" des scènes de sexe a "perdu de son intérêt", écrit-il, en estimant qu'une "scène peut être tout à fait explicite à l'écran tout en ayant été simulée lors du tournage" grâce aux techniques numériques.

L'été dernier, le tribunal administratif de Paris, saisi par l'association Promouvoir, avait imposé une interdiction aux moins de 18 ans (contre 16 ans auparavant) du film "Love", de Gaspar Noé, en raison de scènes de sexe non simulées.

Réduire les délais en justice  

Avant "Love", la justice avait tranché en juin en faveur d'une interdiction aux moins de 18 ans pour le film d'horreur "Saw 3 D: Chapitre final". Depuis, Promouvoir a également obtenu en dé cembre le réexamen de l'interdiction aux moins de 12 ans de "La Vie d'Adèle" d'Abdellatif Kechiche, Palme d'or 2013, en raison de plusieurs scènes de sexe réalistes, et est parvenue, début février, à faire annuler le visa d'exploitation du film "Antichrist" de Lars von Trier sorti en 2009.

En modifiant les textes, procédure qui peut se faire "relativement vite", la ministre souhaite limiter les possibilités de recours et surtout "conforter le pouvoir d'appréciation" de la commission chargée de la classification, qui émet les avis sur lesquels s'appuie la ministre pour prendre sa décision.

Composée de plusieurs collèges (administrations, professionnels du cinéma, experts médicaux ou associatifs et jeunes), cette commission est à même d'apprécier les critères de "protection du jeune public", insiste la ministre.

La Société civile des auteurs-réalisateurs-producteurs, l'ARP, qui regroupe plus de 200 cinéastes, s'est félicitée de cette annonce. "Ces propositions vont permettre de renforcer le pouvoir de la commission et d'éviter qu'elle soit systématiquement remise en cause par des procédures abusives émanant d'associations aux intentions liberticides", a déclaré à l'AFP sa déléguée générale, Florence Gastaud.

Dans le même souci de protéger davantage les réalisateurs et les producteurs face à des procédures judiciaires au long cours, une "réflexion" va également être "engagée" pour "simplifier" les voies de recours et notamment "réduire les délais de procédure devant la justice administrative". L'une des pistes évoquée par Jean-François Mary dans son rapport est que le Conse il d'Etat "redevienne compétent en premier et dernier ressort".

Aujourd'hui, la durée des procédures, entre première instance et appels, fait que certains films peuvent afficher des classifications différentes en salles et sur la jaquette du DVD. Une procédure simplifiée garantirait une "cohérence" sur la durée d'exploitation d'une oeuvre et "la lisibilité" du dispositif, estime Audrey Azoulay.

(Source + photo AFP)

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