Le Cahier noir
Olivier Py livre à la scène son journal d'adolescent
C'est un texte émouvant, exalté et ridicule, comme seuls peuvent en écrire les adolescents: Olivier Py adapte "Le Cahier noir", tiré du journal qu'il tenait à 16 ans, dans une sobre mise en scène au Centquatre à Paris.
E-llico.com / Culture / Médias
Olivier Py livre à la scène son journal d'adolescent
Le Cahier noir
Mis en ligne le 08/11/2016
Tags
35 ans après son adolescence tourmentée dans une petite ville de province, "une crasseuse sous-préfecture sans grâce", l'actuel directeur du Festival d'Avignon retourne en quelque sorte à la matrice de son oeuvre.
"Je savais qu'il y avait là le témoignage d'une époque que je voulais oublier, mais l'origine de tout ce qui me construirait, la source de tous mes désirs", confie-t-il dans la présentation de la courte pièce portée par trois jeunes comédiens excellents.
Le lyrisme échevelé d'Olivier Py transparaît dès ce texte d'initiation, publié aux éditions Actes Sud avec de beaux dessins très crus, qui font penser à Jean Genet.
Le désir, la sexualité, la foi: les thèmes qui traversent l'oeuvre du dramaturge sont déjà là, brûlants. Le tout est livré avec une sincérité absolue, donnant un caractère universel à ce journal intime d'adolescent.
Émilien Diard-Detoeuf interprète le jeune homme fiévreux qu'était Olivier Py à l'époque. Un adolescent ivre de littérature, qui "marche avec (son) petit air frondeur comme s'il avait inventé l'algèbre et la géométrie", mais s'auto-punit de sa médiocrité avec des scarifications en forme de croix.
Un petit jeune homme vierge encore, en quête de "sublime" et travaillé par d'inavouables désirs homosexuels, voire masochistes.
Le texte relate ses errances dans la ville, dans un tunnel fréquenté par de "vieux pédés" et par "le prince", un homme en costume qui nourrit ses fantasmes.
Sylvain Lecomte incarne le prince, ainsi que tous les amants fantasmés du jeune homme, comme Pierre, un motard qui bricole torse nu dans son garage. Emmanuel Besnault, en timide jeune homme coincé, figure le rôle de Lucas, une sorte de double croyant et romantique d'Olivier Py.
Il y a beaucoup d'autodérision dans ce texte, où Olivier Py se traite de "petit bourgeois hystérique" et se lance à lui même: "Ça, pour du lyrisme, c'est du lyrisme!"
La pièce émeut autant qu'elle fait rire, et chacun remontera à sa propre adolescence pour retrouver ce sentiment d'exaltation, quand "tous les ados marchent comme des noyés avec écrit sur le front +oh, qu'il se passe quelque chose!"
(Source AFP)