Cinéma
Les Crevettes pailletées, une claque contre l'homophobie ordinaire
Manifeste drôle et efficace contre l'homophobie, notamment dans le sport, "Les Crevettes pailletées", en salles mercredi, ne pouvait rêver meilleur allié : le magazine L'Equipe a mis en une samedi deux acteurs du film s'embrassant sur la bouche pendant un match de water-polo.
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Les Crevettes pailletées, une claque contre l'homophobie ordinaire
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Mis en ligne le 06/05/2019
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Les Crevettes pailletée Homophobie
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"Ce baiser nous permet d'essayer de dire, à la faveur d'une belle photo, que ce geste d'amour ne devrait pas choquer et que l'homophobie est une infraction pénale dans la rue comme sur les terrains de sport", explique dans un édito la rédaction du magazine sportif qui titre : "Embrassez qui vous voudrez!".
Récompensé par le prix spécial du jury 2019 du Festival de comédie de L'Alpe-d'Huez, "Les Crevette pailletées", film touchant façon "feel good movie", est inspiré d'une véritable équipe gay de water-polo basée à Paris.
Sans têtes d'affiche, il met en scène un champion de natation condamné par sa fédération après des propos homophobes à entraîner une équipe de water-polo gay, davantage motivée par la fête que par les Gay Games, la plus grande compétition sportive homosexuelle. Il voit alors bousculer ses repères, ses jugements et ses idées reçues.
"Depuis 8 ans, je fais partie d'une équipe gay de water-polo avec qui je parcours le monde, de tournoi en tournoi, dont les derniers Gay Games. Nous sommes une sorte de grande colo, avec des membres de 25 à 60 ans, toutes sortes de gays avec des valeurs positives", confie Cédric Le Gallo, coréalisateur avec Maxime Govare, qui signent un premier film réussi.
La légèreté comme valeur
"Jeune gay, je n'ai pas eu de héros positif au cinéma ou à la télévision auquel me rattacher pour me construire. Le cinéma était trop occupé a raconté le drame du sida...", souligne Cédric Le Gallo. "Ce film est l'occasion de raconter une bande de potes gays d'aujourd'hui, sans faire un catalogue de la communauté homosexuelle. Je veux montrer qu'on peut être gay bien dans sa peau, et que le fait d'être gay n'est pas un problème", ajoute-t-il.
Pour les deux réalisateurs, "Les Crevettes pailletées" n'est pas "un film militant à proprement parler". "Il y a des histoires de tolérance et de liberté mais qui transcendent le caractère homosexuel", estiment-ils.
Le film reprend volontairement les codes d'un film culte gay à succès, "Priscilla Folle du désert", sorti en 1995, racontant le parcours de trois "drag queens" traversant l'Australie en bus. On retrouve aussi dans "Les Crevettes pailletées" l'esprit léger et pétillant de "Pédale douce", sorti la même année. Les comédiens incarnent des clichés assumés, y compris celui du militant gay lesbophobe.
Inévitablement, le film fait penser également au "Grand Bain"de Gilles Lellouche, comédie humaniste qui a marqué 2018. "Les Crevettes défendent certaines valeurs : vivre sa vie à fond, ne pas se soucier du regard des autres, aller jusqu'au bout de ce qu'on est. Et puis il y a cette notion de légèreté assumée, la légèreté comme valeur. Si le militantisme c'est de donner à voir sa vision du monde, alors oui, 'Les Crevettes' donnent à voir leur vision du monde", assume Cédric Le Gallo.
"La sexualité, le rapport aux autres, les relations amoureuses, les blagues de vestiaire ne sont pas tout à fait les mêmes que chez les hétéros", ajoute-t-il. "C'est bien de pouvoir les partager !".
Rédaction avec AFP
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