Disparition
Icône de la chanson française et alliée de la cause gay, Juliette Gréco est morte
Icône de la chanson française et alliée de la première heure de la cause homosexuelle, Juliette Gréco est morte mercredi à l'âge de 93 ans après plus de 60 années d'une carrière où elle a interprété les plus grands et affiché constamment son engagement féministe et anti-raciste.
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Icône de la chanson française et alliée de la cause gay, Juliette Gréco est morte
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Mis en ligne le 24/09/2020
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"Juliette Gréco s'est éteinte ce mercredi 23 septembre 2020 entourée des siens dans sa tant aimée maison de Ramatuelle. Sa vie fut hors du commun", a déclaré la famille dans un texte transmis à l'AFP.
"Elle faisait encore rayonner la chanson française à 89 ans", a-t-elle ajouté. Jusqu'à l'AVC (accident vasculaire cérébral) qui l'avait frappée en 2016, année où elle également perdu sa fille unique Laurence-Marie.
Encore tout récemment, celle qui a également triomphé à la télévision dans la série "Belphégor" en 1965, proclamait son amour inconditionnel de la chanson.
"Cela me manque terriblement. Ma raison de vivre, c'est chanter ! Chanter, c'est la totale, il y a le corps, l'instinct, la tête", déclarait-elle ainsi dans un entretien publié en juillet dans l'hebdomadaire Télérama.
Née le 7 février 1927 à Montpellier, elle commence sa carrière dans l'après-guerre, dans un Paris libéré où la toute jeune femme séduit alors, par sa beauté et son esprit, les intellectuels et artistes de Saint-Germain-des-Prés.
"Saint-Germain a perdu sa muse. Saint-Germain a existé par Juliette. Saint-Germain est deuil et la pleure. Je suis très triste. Juliette était une interprète plus encore qu’une chanteuse. Elle disait les poètes", a déclaré Line Renaud à l'AFP.
Transgressive
Sur scène, Juliette Gréco chante d'abord Raymond Queneau ou Jean-Paul Sartre à qui elle doit ses premiers succès," Si tu t'imagines" et "La Rue des Blancs-Manteaux". Dès 1954, c'est la consécration avec un premier passage à l'Olympia.
Elle élargit au fil du temps son répertoire avec Prévert, Desnos, Vian, Cosma. Ou encore Charles Aznavour qui signe "Je hais les dimanche", Léo Ferré sa "Jolie môme" ou encore Serge Gainsbourg qui lui offre "La Javanaise".
"Elle était l’élégance et la liberté. Juliette Gréco a rejoint Brel, Ferré, Brassens, Aznavour et tous ceux qu’elle interpréta au Panthéon de la chanson française. Son visage et sa voix continueront à accompagner nos vies. La 'muse de Saint-Germain-des-Prés' est immortelle", a réagi Emmanuel Macron sur Twitter.
"Mon coup de cœur c'est évidemment la chanson 'Déshabillez-moi'", a commenté sur RTL la ministre de la Culture Roselyne Bachelot. "Juliette Gréco fait de tout un chef d’œuvre, elle a fait de sa vie un chef d’œuvre et cette chanson transgressive, c’est le symbole de cette casseuse de code, de cette casseuse d’image", a-t-elle ajouté.
Un "Déshabillez-moi" qu'elle chantait encore en fêtant sur scène à Paris, début 2016, ses 89 ans: "Je ne devrais pas le chanter, je sais, je sais mais je vais le faire", disait-elle alors, espiègle, au Théâtre de la Ville, où elle avait créé cette chanson en 1968.
Chanteuse engagée dès ses débuts aux côtés de ses amis artistes et intellectuels de gauche, elle s'est toujours affichée comme une femme libre épousant la cause des femmes, pour l'avortement notamment, anti-raciste revendiquant le droit d'aimer un homme noir dans les années 50 - le trompettiste Miles Davis - et manifestant sa solidarité avec les homosexuels dès le début de leur combat pour l'égalité au dédut des années 80 en chantant à la Mutualité pour un gala organisé par le Comité d'Urgence Anti-Répression Homosexuelle au soir d'une des premières gay pride de Paris.
Elle se produira encore, bien que déjà fragile, plus de trente ans après, lors d'une soirée en faveur du mariage gay au théâtre du Rond-Point organisée par Pierre Bergé.
Rédaction avec AFP
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