Répression en Tchétchénie
La situation sous contrôle, assure le Kremlin
Le Kremlin a nié jeudi avoir perdu le contrôle des autorités en Tchétchénie, une république russe où de brutales campagnes de répression contre les personnes LGBT ont régulièrement cours.
E-llico.com / Actus
La situation sous contrôle, assure le Kremlin
Répression en Tchétchénie
Mis en ligne le 04/02/2022
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"Je ne suis absolument pas d'accord pour dire que la situation là-bas est hors de contrôle", a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, démentant que Vladimir Poutine avait trop "peur" de Ramzan Kadyrov, le dirigeant local, pour faire pression sur lui. "Pourquoi Poutine devrait-il avoir peur du dirigeant d'une région russe ?", a demandé à la presse M. Peskov.
Les autorités tchétchènes, emmenées par Ramzan Kadyrov, sont accusées depuis plusieurs années de torturer et brutaliser leurs opposants et, plus largement, toute voix critique, ainsi que les homosexuels.
La préoccupation des défenseurs des droits humains a redoublé ces derniers jours après le placement en détention de la mère d'un célèbre militant anti-torture en exil, visiblement afin de faire pression sur son fils. Selon sa famille, Zarema Moussaïeva, 59 ans, a été enlevée de force par des hommes masqués à Nijni-Novgorod, avant d'être emmenée en Tchétchénie, à 1.800 km de là.
Son mari, Saïdi Iangoulbaïev, est un ancien juge fédéral russe d'origine tchétchène, qui est aujourd'hui opposé à Ramzan Kadyrov. Leur fils Aboubakar Iangoulbaïev a travaillé comme avocat pour l'ONG Comité contre la torture et a quitté la Russie après avoir subi un interrogatoire en décembre dernier. L'affaire a pris un tour particulièrement inquiétant avec la multiplication ces derniers jours de déclarations violentes de la part de responsables tchétchènes.
Mercredi, un député tchétchène au sein de la chambre basse du Parlement russe, Adam Delimkhanov, a ainsi juré sur les réseaux sociaux de "décapiter" la famille entière de Zarema Moussaïeva. Quelques heures plus tard, Vladimir Poutine recevait Ramzan Kadyrov au Kremlin.
Dans une vidéo publiée sur Instagram, le dirigeant tchétchène a déclaré avoir discuté de "questions urgentes" avec Vladimir Poutine. "Le président nous soutient toujours", a-t-il assuré. Ramzan Kadyrov, qui dirige d'une main de fer cette république du Caucase, est accusé de multiples violations des droits humains. Il a personnellement menacé de s'en prendre au reste de la famille de Mme Moussaïeva. "Cette petite famille a une place qui l'attend soit en prison, soit sous terre", a-t-il écrit sur Telegram le lendemain de son arrestation.
> Une journaliste spécialiste de la Tchétchénie quitte la Russie
Une journaliste du journal indépendant Novaïa Gazeta, spécialiste de la Tchétchénie, a quitté la Russie après des menaces émises par le dirigeant de cette république du Caucase russe, en pleine controverse, a annoncé son média vendredi.
"Compte tenu des nombreuses menaces personnelles proférées ces derniers jours à l'encontre de la journaliste Elena Milachina par des hauts responsables de la Tchétchénie, la rédaction a décidé de l'envoyer hors de Russie", a indiqué Novaïa Gazeta.
Novaïa Gazeta est l'un des rares bastions de la presse libre en Russie et son rédacteur en chef, Dmitri Mouratov, a reçu le prix Nobel de la Paix en 2020. L'engagement du journal, notamment dans la couverture des violations des droits humains en Tchétchénie, a coûté la vie à plusieurs de ses collaborateurs, morts assassinés, Anna Politkovskaïa étant la plus célèbre.
Elena Milachina a suscité l'ire des autorités tchétchènes notamment en documentant les exécutions extrajudiciaires qui s'y déroulent. L'autoritaire dirigeant tchétchène, Ramzan Kadyrov, a qualifié sur Telegram en janvier Mme Milachina de "terroriste", poussant Novaïa Gazeta à déposer plainte pour "incitation à la haine". "Mes sources plutôt haut placées disent que la menace pour ma sécurité personnelle est désormais élevée, alors je vais déjà les écouter, même si je n'aime pas beaucoup cela", a-t-elle déclaré à la télévision d'opposition Dojd jeudi.
Rédaction avec AFP
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