Gisèle Halimi, avocate féministe et défenseure des droits humains fondamentaux, est morte  - Disparition

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Gisèle Halimi, avocate féministe et défenseure des droits humains fondamentaux, est morte

L'avocate et ancienne députée Gisèle Halimi, qui a consacré sa vie à la cause des femmes, au droit à l'avortement, mais aussi aux droits fondamentaux, est décédée mardi, au lendemain de son 93e anniversaire.

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Gisèle Halimi, avocate féministe et défenseure des droits humains fondamentaux, est morte
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Mis en ligne le 28/07/2020

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Gisèle Halimi Viol Avortement Pénalisation de l'homosexualité

Gisèle Halimi fut surtout une avocate de renom, en obtenant notamment en 1972 la relaxe pour Marie-Claire, une jeune fille de 16 ans qui avait avorté après un viol. Elle ouvre ainsi la voie à la dépénalisation de l'avortement, début 1975, avec la loi Veil.

La défense médiatisée qu'elle mène auprès de deux jeunes femmes lesbiennes victimes d'un viol collectif en 1978 contribue également à l'adoption d'une nouvelle loi, deux ans plus tard, définissant le viol et l'attentat à la pudeur comme des crimes, et non plus comme des délits.

Avec l'affaire Tonglet Castellano du nom de deux jeunes touristes belges lesbiennes, Anne Tonglet (24 ans) et Araceli Castellano (19 ans), dans une calanque près de Marseille, elle met aussi en lumière la question de la pénalisation de l'homosexualité alors en vigueur en France. 

Le 20 août 1974, Anne Tonglet et Araceli Castellano - lesbiennes et vivant alors en couple - s'installent pour camper dans une calanque près de Marseille. Le soir de leur arrivée, un jeune homme, Serge Petrilli, les aborde pour tenter de les séduire. Éconduit, il retente sa chance le lendemain sans plus de succès. Vexé, il monte alors une "expédition punitive" avec deux amis, Guy Roger et Albert Mouglalis.

Dans la soirée du 21 août, les trois hommes font irruption dans la tente des campeuses, les frappent puis les violent pendant plusieurs heures. Les sévices sexuels infligés aux touristes durent jusqu'à cinq heures du matin.

Anne Tonglet tombe enceinte à la suite du viol. L'IVG est alors interdite en Belgique, mais elle parvient néanmoins à avorter grâce à un médecin qui accepte de la pratiquer. Les deux jeunes femmes portent plainte. Leurs agresseurs, rapidement appréhendés, nient le viol en affirmant que leurs victimes étaient consentantes, ce qui conduit le parquet à ne les poursuivre que pour coups et blessures et attentat à la pudeur, délits relevant du tribunal correctionnel.

L'avocate Gisèle Halimi obtient du tribunal correctionnel de Marseille qu'il se déclare incompétent en raison de la nature criminelle des faits, le 15 octobre 1975 et un renvoi en cour d'assises. C'est en raison de la notoriété médiatique de Gisèle Halimi, alors très connue en tant qu'avocate des droits des femmes, que les deux victimes se sont adressées à elle.

Élue députée de l'Isère (apparentée PS) à l'Assemblée nationale de 1981 à 1984, elle n'a eu de cesse de dénoncer un "bastion de la misogynie". Elle poursuit son combat à l'Assemblée, cette fois-ci pour le remboursement de l'interruption volontaire de grossesse (IVG), finalement voté en 1982. Avant de prendre ses distances avec le Parti socialiste après son élection à l'Assemblée. En 1998, elle fait partie de l'équipe qui crée Attac (Association pour la taxation des transactions financières et pour l'action citoyenne).

Tout comme Robert Badinter, elle restera un des grands noms de la défense des droits humains fondamentaux. 

 

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