Le Parlement se penche pour la première fois sur les unions civiles gay - Italie

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Le Parlement se penche pour la première fois sur les unions civiles gay

Le Sénat italien a entamé jeudi l'examen d'une proposition de loi créant une union civile pour les couples de même sexe, un sujet qui divise profondément la classe politique et la société.

E-llico.com / Actus

Le Parlement se penche pour la première fois sur les unions civiles gay
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Mis en ligne le 28/01/2016

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Omniprésent dans les médias, le débat fait rage dans la rue: des dizaines de milliers de partisans du texte ont manifesté le 23 janvier dans toute la péninsule, tandis que ses opposants prévoient un rassemblement massif samedi à Rome.

Alors que l'Italie est le dernier grand pays d'Europe occidentale à ne reconnaître aucun statut aux couples homosexuels, la proposition de loi dite Cirinna, du nom de la sénatrice qui la porte depuis des années, arrive à l'ordre du jour du Sénat.

Le débat portera d'abord sur des questions de conformité à la Constitution, qui doivent être tranchées par un vote prévu mardi après-midi, avant une semaine de débat sur des centaines d'amendements et une semaine pour l'examen de chaque article. Un vote général est envisagé pour la mi-février, avant que le texte ne soit envoyé à la Chambre des députés, où des négociations sont déjà en cours pour assurer un passage en l'état afin d'éviter une nouvelle navette.

En l'état actuel, le texte, issu d'une médiation parlementaire, prévoit d'instaurer une union enregistrée par un officier d'état-civil entre personnes du même sexe qui s'engagent à une vie commune dans la fidélité et à une assistance morale et matérielle réciproque.

Pour certains, c'est déjà trop. "Penser qu'on puisse enseigner à nos enfants, à mes petits-enfants, qu'il existe différents modèles de familles (...) est inacceptable", explique Massimo Gandolfini, neurochirurgien et coordinateur du "Family Day" de samedi. Le pape François lui-même s'est invité indirectement dans le débat en rappelant sans équivoque le 22 janvier que l'Eglise rejetait toute autre forme d'union que le mariage catholique.

Mais au sein même de la majorité de centre-gauche de Matteo Renzi, ce sont les mesures supplémentaires qui posent problème: la possibilité de bénéficier d'une pension de réversion et surtout d'adopter les enfants naturels de son conjoint.

Menace de référendum

Les alliés de centre-droit de Matteo Renzi, son ministre de l'Intérieur Angelino Alfano en tête, rejettent catégoriquement l'adoption de l'enfant du conjoint, de même que la frange catholique du Parti démocrate (PD), menaçant de réclamer un référendum abrogatif si la loi passe en l'état. Pour l'instant, les sondages, assez fluctuants, montrent une opinion publique partagée sur la question des unions civiles, mais fortement opposée aux adoptions.

Dans le même temps, les partis de la gauche non-gouvernementale et le Mouvement 5 Etoiles de Beppe Grillo, dont M. Renzi a besoin au moins au Sénat, menacent de faire capoter le texte si l'adoption de l'enfant du conjoint disparaît.

Pour sortir de l'impasse sur une question qui concerne, selon des estimations des médias, environ un millier d'enfants, des élus ont évoqué une forme de partage de l'autorité parentale jusqu'à ce que l'enfant devienne majeur et choisisse lui-même s'il souhaite être adopté par son "parent social", ce qui fait hurler les associations de défense des homosexuels.

La proposition de loi Cirinna est "un premier pas", insiste Gabriele Piazzoni, secrétaire national d'Arcigay, la principale de ces associations. C'est "le minimum syndical", renchérit Marilena Grassadonia, présidente de Famiglie Arcobaleno (familles arc-en-ciel).

En 2007, la forte mobilisation d'un autre "Family Day" avait poussé le gouvernement de Romano Prodi (centre-gauche) à renoncer à un projet d'union civile bien moins ambitieuse, qui avait été au final été l'une des raisons de sa chute début 2008. Cette année, les associations et une partie des élus assurent qu'il n'est plus possible de reculer.

La Cour européenne des droits de l'Homme a plusieurs fois condamné le retard de l'Italie, et des juges italiens ont déjà autorisé l'adoption d'enfants par la compagne de leur mère. Mais Matteo Renzi, un catholique pratiquant qui s'était lui-même opposé au projet de 2007, a choisi de laisser la "liberté de conscience" à ses troupes sur l'adoption, sur laquelle le vote devrait être secret.

Refusant ce secret, la militante et ancienne députée transsexuelle Vladimir Luxuria a lancé sur les réseaux sociaux le mot d'ordre #Mettetecilafaccia ("Mouillez-vous", ou littéralement: "Montrez votre visage").

(Source AFP)

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