L'icône de l'égalité des droits de la Cour suprême disparaît - Etats-Unis

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L'icône de l'égalité des droits de la Cour suprême disparaît

Elle s'est fait un nom en tant que militante pour les droits des femmes et des LGBT et était devenue une sorte de pop star pour leurs défenseurs. La juge de la Cour suprême américaine Ruth Bader Ginsburg est décédée à 87 ans ouvrant la voie à une nomination conservatrice pour la remplacer. 

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Mis en ligne le 21/09/2020

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La doyenne de la Cour suprême des Etats-Unis, Ruth Bader Ginsburg, qui s'est éteinte vendredi était une championne de la défense des droits sociétaux.

De la cause des femmes d'abord, cette brillante juriste a, au cours de ses 27 ans au sein du temple du droit américain, épousé d'autres causes progressistes, comme la défense des homosexuels ou des migrants.

Fière de son indépendance, elle n'hésitait pas à rompre avec la majorité de ses collègues. "I dissent" (je ne suis pas d'accord), avait-elle écrit en omettant la formule consacrée "respectueusement", quand, lors de la présidentielle contestée de 2000, ses pairs avaient majoritairement tranché en faveur de George Bush.

La phrase, classique dans le jargon juridique, lui est restée accolée dans la culture populaire. Au point que des tee-shirts, des pin's ou des tasses à son effigie la reproduisent.

Car Ruth Bader Ginsburg était l'objet depuis une dizaine d'années d'un véritable culte, notamment auprès des jeunes. La magistrate avait même gagné le surnom de "notorious RBG", en référence à un rappeur assassiné en 1997, "Notorious BIG".

Au style casquette/baskets, cette petite femme (1,54 mètre) préférait pourtant les colliers de perles, chignon bas et gants en dentelles. A la Cour suprême, elle était la seule à arborer un jabot sur sa robe noire.

Loin de creuser l'écart avec ses fans, ce style désuet la rendait reconnaissable entre mille et a permis de développer moult produits dérivés à son image, y compris des costumes pour Halloween.

Et jusqu'au bout, elle était restée en phase avec son époque. "Il était temps", commentait l'octogénaire en 2018 interrogée sur le mouvement #MeToo. "Les femmes sont restées silencieuses trop longtemps, parce qu'elles pensaient qu'elles ne pouvaient rien faire."

Les autres femmes, peut-être. Mais pas elle.

Elle devient une militante acharnée des droits des femmes quand, entre 1972 et 1978, elle plaide dans six affaires de discrimination basée sur le sexe devant la Cour suprême, et en remporte cinq.

Quinze ans plus tard, elle y revient, en tant que juge cette fois. Nommée par le président démocrate Bill Clinton, confirmée par le Sénat à une majorité écrasante, elle devient la deuxième femme à siéger à la haute cour avec Sandra Day O'Connor.

A ceux qui lui conseillent de prendre sa retraite, la doyenne de l'institution donnait l'exemple d'un autre juge, resté à la Cour suprême jusqu'à ses 90 ans.

Si elle se faisait de plus en plus voûtée et tassée dans son fauteuil lors des audiences, elle continuait de faire entendre sa voix fluette mais précise.

Fin juillet, Ruth Bader Ginsburg avait toutefois annoncé une rechute d'un cancer du foie, tout en assurant qu'elle ne comptait pas quitter ses fonctions. 

L'inquiétude plane désormais dans le camp démocrate quant à son successeur. 

Joe Biden a demandé au Sénat de ne pas voter sur la Cour suprême avant la présidentielle Le candidat démocrate estime que la volonté de Donald Trump de remplacer Ruth Bader Ginsburg avant l’élection est "un exercice de pouvoir politique brutal".

Le président républicain - que RBG avait qualifié d'"imposteur" pendant la campagne pour l'élection présidentielle de 2016 avant de regretter ses propos - a promis de ne nommer que des juges favorables au port d'arme et opposés à l'avortement. 

Rédaction avec AFP

 

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