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Une commission face aux soupçons visant le prêtre-psy Anatrella

"On mènera cette démarche à son terme": touché lui aussi par des soupçons d'agressions sexuelles, le diocèse de Paris a monté une commission pour entendre d'anciens patients disant avoir été abusés par le prêtre-psychanalyste Tony Anatrella, prélat en cour jusqu'à Rome.

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Une commission face aux soupçons visant le prêtre-psy Anatrella
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Mis en ligne le 10/10/2016

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Cette commission ad hoc, dont l'existence a été révélée lundi par La Parole libérée, l'association lyonnaise de victimes à l'origine de la révélation de scandales de pédophilie en cascade ces derniers mois, est active depuis septembre, a confirmé à l'AFP le diocèse.

Plusieurs médias avaient fait état au printemps de nouvelles accusations, dix ans après des plaintes, à l'encontre de Tony Anatrella, prêtre du diocèse de Paris accusé de mener des thérapies déviantes sur de jeunes hommes dans son cabinet de psychanalyste.

L'AFP avait recueilli le témoignage de Fabien, qui avait évoqué une "bonne dizaine" de "séances spéciales" gratuites en 2010-2011: "une demi-heure d'attouchements", suivie d'"une demi-heure de débriefing sur le ressenti, les émotions". "Il m'a dit souvent 'c'est vous qui le voulez'. Il me faisait porter le chapeau", confiait-il alors.

Tony Anatrella a toujours farouchement nié avoir eu le moindre geste déplacé, en particulier à l'époque des trois plaintes pour "agressions sexuelles" qui s'étaient soldées par un non-lieu en 2008, notamment parce que les faits étaient prescrits.

Ce "spécialiste en psychiatrie sociale", sans être évêque, bénéficie du titre honorifique de "Monseigneur". Auréolé d'un certain prestige de Paris à Rome, il est toujours, à 75 ans, "consulteur" auprès de deux conseils pontificaux (famille et santé) au Vatican. Associé à la préparation du premier guide de l'épiscopat "Lutter contre la pédophilie", il fut l'un des inspirateurs de l'instruction du Vatican visant à écarter de la prêtrise les hommes présentant une orientation homosexuelle.

Réputé proche de La Manif pour tous, c'est un farouche contempteur de ce qu'il appelle la "théorie du genre".

Interpellé en mai au sujet de ce prélat, l'archevêque de Paris, le cardinal André Vingt-Trois, avait demandé à un prêtre venu relayer de nouvelles accusations de plaignants potentiels "d'encourager ces personnes à prendre contact personnellement et à porter plainte", en faisant valoir qu'il ne pouvait "agir sur la base de déclarations anonymes ou indirectes". Depuis, "des personnes nous ont contactés directement.

Elles sont entendues par une commission dirigée par Mgr Eric de Moulins-Beaufort", l'un des évêques auxiliaires de Paris, assure à l'AFP la déléguée à la communication du diocèse, Karine Dalle. "On leur garantit la confidentialité des échanges, et on mènera cette démarche à son terme", poursuit-elle, tout en ajoutant: "On n'enterre pas le dossier".

Interrogé sur d'éventuelles mesures conservatoires immédiates à l'égard du père Anatrella, le diocèse rappelle qu'il n'exerce plus de ministère pastoral. Il devait toutefois donner 18 cours publics en cette année scolaire 2016-2017 au Collège des Bernardins, qui dépend du diocèse, sur les thèmes "psychologie de l'affectivité et théorie du genre", mais aussi "drogue et toxicomanie". "Ces enseignements sont annulés", affirme Karine Dalle.

La Parole libérée a, elle, lancé lundi un "appel à témoignages" qu'elle se propose de relayer auprès de l'archevêché. "Plus les victimes se manifesteront, plus le diocèse de Paris sera à même de comprendre les pratiques de Tony Anatrella", souligne l'association.

Elle cite le témoignage de Fabien, qui a déjà été auditionné par la commission diocésaine, désireux d'"alerter et signaler" une "thérapie dangereuse et abusive": "J'ai été écouté avec attention et respect. Mon témoignage n'a pas été orienté et c'est un grand pas". Pour lui, "une porte s'est ouverte".

L'avocat de Tony Anatrella, Benoît Chabert, estime pour sa part que le dossier judiciaire est vide. "Si des personnes souhaitent porter plainte, qu'elles le fassent en justice de façon claire", déclare-t-il à l'AFP. "Le seul élément nouveau pour moi, ce serait qu'un nom de famille sorte" parmi les accusateurs, "ce qui me permettrait de rédiger une plainte en dénonciation calomnieuse", prévient-il.

(Source AFP)

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