Portrait
Xavier Dolan, à peine 25 ans et déjà habitué de Cannes
Benjamin de la compétition pour la Palme d'or, le Québécois Xavier Dolan est malgré son jeune âge un habitué du Festival de Cannes où il s'est révélé au monde il y a 5 ans avec son premier film.
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Xavier Dolan, à peine 25 ans et déjà habitué de Cannes
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Mis en ligne le 22/05/2014
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Mommy, le film dont je suis le plus fier
Acteur, réalisateur, scénariste ou encore monteur, le cinéaste montréalais avait tout juste 20 ans lorsque le monde découvrait en 2009 sa tignasse bouclée sur la Croisette où il était venu présenter son premier film, "J'ai tué ma mère".
Autodidacte - il a arrêté l'école au secondaire -, Dolan a auto-produit son premier long métrage faute de bailleur de fonds. 'J'ai tué ma mère' décroche trois prix à la Quinzaine des réalisateurs en 2009, le catapultant à l'avant-scène du cinéma canadien.
Cinq ans plus tard, et autant de films réalisés, il revient avec son dernier né, 'Mommy'. Un aboutissement logique pour cet artiste déjà rompu à la grand-messe du cinéma mondial: en 2010 son deuxième film, "Les Amours imaginaires", avait reçu le prix de la jeunesse et deux ans plus tard il figurait dans la sélection Un certain regard pour 'Laurence Anyways' avec Melvil Poupaud.
Salué par la critique, "Laurence Anyways" a été boudé en salle, peinant le jeune réalisateur. "Je mesure l'amour ou l'amitié que les gens me portent selon le nombre d'entrées de mes films", déclarait-il récemment en revenant sur le "grand chagrin" suscité par l'"insuccès" de ce film.
"Famélique", "caractériel", "mégalomane" et "misanthrope", tel qu'il se décrit lui-même, il s'est fait tatouer des citations de Jean Cocteau sur les jambes, manie les mots avec brio et poésie.
Ses plus grandes sources d'inspiration littéraires sont Guillaume Apollinaire, Marina Tsvétaïéva, Paul Éluard et Gaston Miron.
Son amour de la langue française se retrouve dans les dialogues de ses films: ses personnages s'expriment aussi bien en joual (patois québécois), à coups de jurons bien sentis, qu'avec un lyrisme éthéré.
Le réalisateur n'a de cesse de camper des histoires d'amours compliquées s'inscrivant dans des contextes - familiaux ou sociaux - dramatiques qui mettent en exergue l'intolérance. Le tout dans une esthétique des années 1980.
Pourfendeur de l'intolérance
Pour son avant-dernier film "Tom à la ferme", Xavier Dolan explique avoir voulu traiter de "l'intolérance qu'on tolère", du "gouffre qui grandit entre l'homme de la ville et celui de province", de "la façon dont, à la longue, on apprivoise la violence et on finit par l'accepter".
Sa volonté de dénoncer les discriminations dans nos sociétés et le silence coupable de tout un chacun lui a valu la censure du Conseil supérieur de l'audiovisuel français (CSA) l'an dernier. Jugeant "trop violents" certains passages du clip College Boy réalisé pour le groupe français Indochine, le CSA en avait interdit la diffusion, décision raillée par le Québécois.
De manière plus large, il juge que l'"Europe régresse au niveau des mentalités et de la tolérance".
Sur la scène québécoise aussi ses commentaires publics peuvent être incisifs et polémiques, d'autant que la Belle province ne nourrit pas la même passion pour les débats débridés que la France.
Des propos tenus dans Paris Match en avril lui ont valu l'opprobre d'une partie de la presse locale. Il déclarait que "le marché est consanguin, chez nous", en comparant les 40.000 entrées de "Laurence Anyways" et les deux millions d'entrées de la superproduction hollywoodienne "Avatar".
Avant même de savoir qu'il était en compétition à Cannes, Xavier Dolan avait annoncé son intention de prendre une pause du cinéma à partir de cet été afin, notamment, d'étudier l'histoire de l'art. "De 20 à 25 ans, je n'ai pas vraiment vécu une vie de mon âge. De 25 à 30, j'ai envie de me rattraper."
(Source AFP)