le Kannibal de Rémès - A lire

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Le Kannibal de Rémès

Erik Rémès revient en librairie avec un récit tiré d'un fait divers. Un acte de cannibalisme homosexuel commis en Allemagne en 2001. Il s'immerge dans ce personnage pour explorer les forces du mal, mais aussi de la folie et de la liberté. E-llico. com a rencontré l'auteur et propose un extrait du livre.

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le Kannibal de Rémès
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Mis en ligne le 10/10/2007

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- Après plusieurs ouvrages relevant de l'auto-fiction et de l'expertise sur la sexualité, "Kannibal" part d'un "fait divers" bien réel, un acte de cannibalisme commis par un Allemand, il y a quelques années sur un homosexuel consentant. Ce changement est un tournant?

Erik Rémès: J’ai fait le tour de mon trou du cul (pour l’instant) et je voulais élargir mes centres d’intérêt. Je suis fasciné par un homme comme ce cannibale qui va jusqu’au bout de ses fantasmes et s’affranchit de toute morale. C’est une allégorie des difficultés de chacun à s’assumer pleinement, à vivre sa folie et à être libre. Je voulais écrire une histoire d’amour romantique et radicale.

- Quel rapport entre Erik Rémès et le cannibale de Rotenburg?

Je vis ma propre démence par l’intermédiaire de celle de mes personnages. J’ai trouvé quelqu’un de plus folle que moi. Je suis fasciné par les forces du mal.

- "Kannibal" s'intéresse au moins autant à l'itinéraire, l'enfance, l'entourage, la mère du personnage central qu'à sa sexualité ou son fantasme exceptionnel; la psychologie supplante désormais le sexe chez vous?

J’ai une maîtrise de psycho et une autre de philo. Je viens de faire une formation de sexologue. J’ai bossé quatre ans en milieu psychiatrique avant de travailler dans le milieu gay (bien que ça revienne au même...). Ces disciplines sont des médias parfaits pour comprendre la vérité de l’homme et sa folie. On décrit souvent -à tort- mes livres comme pornographiques, alors qu’ils sont pataphysiques.

- Le livre est écrit à la première personne. Est-ce un pur effet de style ou ce point de vue d'écriture va-t-il plus loin?

Ça me vient de l’autofiction. Je propose une littérature introspective. Je me suis mis à la place du cannibale. J’ai même mangé deux ou trois amants pour rentrer dans mon personnage, mais je préfère vraiment le cochon. Par ailleurs, c’est un livre très littéraire, avec un style très travaillé.


- Même si "Kannibal" est extrêmement documenté quant à l'histoire de son inspirateur, le livre choisit de s'affranchir de la réalité à un moment donné de l'histoire, notamment quant au jugement rendu à l'encontre du cannibale de Rotenburg. Pourquoi ce choix? "Kannibal" se veut-il une réhabilitation d' Armin Meiwes?

Mon livre est un roman, une œuvre de fiction qui prend du recul par rapport à la réalité. 70% des faits sont réels, 30% sont inventés. J’ai voulu en faire un anti-héros, un super-cannibale. J’ai été scandalisé qu’Armin soit condamné en appel à la réclusion criminelle à perpétuité. La "victime" était consentante: on en a les preuves écrites et les vidéos. Cela concerne donc la liberté individuelle. Et l’État et la société, même s’ils sont terrifiés, n’ont pas à s’immiscer dans la vie privée et outrepasser leurs droits.

- Le cannibalisme et l'histoire d' Armin Meiwes sont considérés comme "monstrueux" par la société et la morale dominante. Après la polémique soulevée par "Serail fucker – Journal d'un barebacker", choisir ce sujet, n'est-ce pas tendre la seconde joue pour se faire gifler?

La seconde joue non, mais la seconde fesse, oui ! Après « Serial fucker » et sa polémique, ça me fera l’effet d’un suppositoire. La société et la morale dominante, je les emmerde. Avec un père commissaire dans les RG, mon éducation religieuse à la con, tous ces curés et ces flics que j’ai sucés, gamin, il est vrai que j’ai un léger problème avec la loi : je la conchie. Je suis écrivain pour ne pas être psychopathe ou serial killer. Je veux explorer les tabous, être un écrivain de l’innommable et de la liberté. Liberté de s’entrebouffer, mais aussi liberté de se contaminer, de se suicider ou de s’euthanasier. Je parle de liberté, que ça plaise ou pas.

"Kannibal". Erik Rémès. Editions Blanche.

www.erikremes.net

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